Journal Le Monde : anti-complotisme primaire et vices de forme
« Complotisme » par-ci, « complotisme » par-là. Ce terme générique et fourre-tout est désormais utilisé à toutes les sauces et brandi trop systématiquement tel un étendard de vérité pour ridiculiser, faire taire, voire écarter celles et ceux (scientifiques de renom y-compris) qui se posent des questions ou remettent en cause les messages généralisés médiatiques, empêchant ainsi les débats publics sérieux sur les questions de fond. S’il nous semble, en tant que média, fondamental de débusquer les mensonges, incohérences et délires de tous bords sans a-priori, nous estimerions juste et équitable que cette intention soit la même face à toute information, groupe ou personne. Un de nos journalistes, à la lecture d’un article du journal Le Monde, a dégainé sa plume pour partager avec nous ce qu’il pense de cet « anti-complotisme primaire » et récurrent.
VÉRIFIONS LES VÉRIFICATEURS et l’article « Je faisais partie des esprits supérieurs : pourquoi le complotisme séduit autant », paru dans Le Monde le 18 janvier 2021.
Dans cet « article à charge », tout repose, en premier lieu, sur le postulat selon lequel le « complotisme » est défini, prouvé et admis comme foncièrement négatif, une sorte de virus de la pensée, un « Covid mental » pour paraphraser l’expression de feu Louis Pauwels lui ayant valu, pour mémoire, de se faire lyncher en bonne et due forme, en un temps où la police de la pensée sévissait pourtant moins sévèrement qu’aujourd’hui. Le complotisme, un fléau ? Eh bien, que Le Monde apporte donc la preuve que les quelques arbres du complotisme qui poussent de travers (car il y en a, certes) ne cachent pas une forêt de véritables complots ! Ce sous-entendu de départ, sur lequel repose toute la suite, n’est donc qu’un postulat ; et sa remise en cause, tout aussi légitime que nécessaire, remet évidemment en cause toute la suite et l’ensemble du réquisitoire.
Deuxième point majeur : le complotisme, lyriquement qualifié de « bulldozer (…) qui semble tout emporter avec lui » poserait « d’inquiétantes questions pour la démocratie ». Démocratie ? La bonne blague ! Que Le Monde commence donc par apporter la preuve que le régime sous lequel nous vivons aujourd’hui est une véritable démocratie… Le peuple a-t-il le pouvoir aujourd’hui ? On peut se permettre, pour le moins, d’en douter. Faut-il seulement rappeler ce qu’on a fait du référendum sur la constitution européenne en 2005, recueillant 54% de non ? Faut-il signaler, toujours à propos de l’Europe, qu’un sondage indiquait en mai 2019 que 52 % des Français voteraient contre le traité de Maastricht en cas d’organisation d’un nouveau référendum ? Si nous étions en démocratie, ces chiffres seraient-ils dépourvus de conséquences effectives ? Faut-il aussi attirer l’attention sur le fait que la France n’est plus même vraiment gouvernée aujourd’hui par les représentants du peuple, auxquels se substituent les deux redoutables Conseils (scientifique et de défense) sous la houlette macronienne ? Faut-il inventorier les mille et un indices d’instauration d’une sorte de dictature plus ou moins soft et de plus en plus décomplexée, comme par exemple tout récemment la volonté de couper la tête de France-Soir ? Le journal Le Monde n’a pas trop de souci à se faire, lui, sans doute, en suivant une ligne éditoriale qui lui vaut de confortables subventions de la fondation Bill et Melinda Gates…
Toujours sur ce même point : quelles sont donc ces « questions inquiétantes pour la démocratie » que poserait le complotisme ? Sur le plan des principes eux-mêmes, n’est-il pas bon que n’importe quel mouvement d’idées puisse voir le jour et s’exprimer ? Et puisque la démocratie, c’est la loi du nombre, qu’en est-il du complotisme s’il devient majoritaire ? Ou bien faut-il croire qu’en réalité, la démocratie ne serait pas ce qu’elle est supposée être et ce qu’on prétend qu’elle est ? (Et que le complotisme ne serait pas non plus, finalement, ce qu’il est supposé être et ce qu’on prétend qu’il est ?) Il y a deux questions, dans l’article du Monde, qui suivent immédiatement cette évocation de « questions inquiétantes pour la démocratie ». A la première : « Est-il possible de l’arrêter ? » (le complotisme), on pourrait répliquer par une autre question, dans le droit fil de ce qui vient d’être dit : « Est-il vraiment démocratique de vouloir “arrêter” le complotisme ? » N’est-ce pas un comble qu’un mouvement qui, fondamentalement, entend dénoncer des agissements anti-démocratiques et anti-libertaires, soit appréhendé comme un ennemi de la soi-disant démocratie, un ennemi qu’il faudrait arrêter exactement comme on prétend arrêter LE virus ? Les pseudo-garants de la pensée unique pseudo-vertueuse sont ici face à des contradictions qui corrompent leur discours et le rendent irrecevable.
Le Monde cite ensuite un « maître de conférences à l’université Rennes-II et spécialiste des croyances collectives », Sylvain Delouvée, qui apporte de l’eau à son moulin réquisitorial par une formule lapidaire : « La science n’a parfois pas de réponse, mais le complotisme, lui, en a toujours ». Formule qui doit faire l’effet d’un savoureux gargarisme aux anti-complotistes convaincus, mais « résumer » les choses ainsi, c’est oublier que le complotisme, ou prétendu tel, c’est aussi, et c’est même beaucoup, dans ses manifestations les plus honorables et salutaires, poser des questions. Le journaliste belge Alexandre Penasse le rappelle, lui-même s’étant fait renvoyer dans les cordes, en avril dernier, par la première ministre de son pays, Sophie Wilmès, pour avoir posé la question des conflits d’intérêt au sein du groupe d’experts qui la conseillaient : « Les complotistes sont en général ceux qui mettent en évidence les intérêts occultes des gouvernements, des groupes d’experts et des médias. (…) Est-ce qu’on est complotiste quand on indique que des gens qui travaillent soi-disant pour nous, en fait travaillent pour d’autres. On peut se poser des questions. Donc il faut creuser ça. C’est le travail d’un journaliste. » De plus, réduire le complotisme à une engeance de « j’ai-réponse-à-tout », c’est oublier aussi que la science elle-même, dans cette crise sanitaire, se comporte comme si elle avait toutes les réponses en prenant des décisions qui affectent la marche de tout un pays, de plusieurs pays, de millions voire de milliards de gens.
On trouve pourtant, au détour de cet article, d’apparents efforts d’objectivité : « … Il existe plusieurs degrés au complotisme », écrivent nos confrères. Et de citer encore le sus-nommé Sylvain Delouvée : « Ce n’est pas noir ou blanc, dit celui-ci. On est tous un peu complotistes. C’est plutôt comme un escalier avec différentes marches. » « Supposer une manigance des laboratoires contre l’hydroxychloroquine, renchérit Le Monde qui semble pris d’un violent accès de discernement, n’est pas du même niveau de complotisme que de postuler que le monde est contrôlé par des reptiliens. »
Dans la foulée, la parole est donnée à Marie Peltier, enseignante à l’Institut supérieur de pédagogie Galilée à Bruxelles : « En France, dit celle-ci, on est obligé de concéder que le conspirationnisme a raison sur certains points, notamment sur une classe sociale élevée, proche du pouvoir, et ses privilèges, et sur la proximité réelle entre sphères politiques et médiatiques ». Dont acte. Mais comme il ne faut tout de même pas trop en rajouter et risquer de donner l’impression que finalement, le complotisme, ce n’est peut-être pas si infâme, cette déclaration est présentée avec les mots suivants, qui la précèdent : « Pour ne rien arranger, dans leur brouhaha d’explications simplistes, ces discours visent parfois juste. » En somme, quand bien même le conspirationniste aurait raison, ça n’arrangerait rien ! et ça resterait de toute façon à remettre dans le cadre d’un « brouhaha simpliste »…
Notons que ces observations objectives, ces concessions faites au bon droit et à la raison du « complotisme » se trouvent dans la partie de l’article réservée aux abonnés ; le grand public du net ne verra que la partie première, entièrement à charge.
Marc D’Angelo
Image par Gordon Johnson de Pixabay
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