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Commission « Les Lumières à l’ère numérique » : vers un contrôle de l’information par l’État ?

Le 29 Septembre dernier, à quelques mois des élections présidentielles, Emmanuel Macron a mis en place la commission « Les Lumières à l’ère numérique » dont l’objectif est de lutter contre la désinformation sur internet. Composée de treize membres, elle doit rendre d’ici la mi-décembre son rapport et faire des « propositions concrètes dans les champs de l’éducation, de la régulation, de la lutte contre les diffuseurs de haine et de la désinformation ».

Selon l’Express, un participant à l’élaboration de cette commission explique que l’objectif est de « mesurer les dangers du numérique sur la cohésion nationale et nos institutions afin de mieux y faire face ». Le chef de l’État, inquiet face à la montée du complotisme, affirmait en décembre 2020 : « Le problème clef pour moi, c’est l’écrasement des hiérarchies induit par la société du commentaire permanent : le sentiment que tout se vaut, que toutes les paroles sont égales, celle de quelqu’un qui n’est pas spécialiste mais a un avis sur le virus vaut la voix d’un scientifique (…) C’est ce poison qui nous menace ».

◆ Un ministère international de la Vérité  ?

Gérald Bronner, le président de la commission « Les Lumières à l’ère numérique », semble quant à lui vouloir régler le problème de l’apparition d’un « marché cognitif dérégulé (…), un espace public sur vos écrans où plus aucune autorité médiatique, scientifique ne filtre pour vous les informations véritables. » En janvier 2021, il était cité dans un article des Echos : « Il faut imaginer réguler le marché des idées : une instance internationale qui ne devrait pas chercher à ordonner ce qui relève du beau ou du bien, mais seulement ce qui relève du vrai en s’appuyant sur le consensus scientifique ». Une sorte « d’ONU de la vérité », selon Mathieu Laine, essayiste et auteur de cet article, à laquelle il aurait préféré « l’apprentissage de l’esprit critique » et « la bataille des idées ».

Une commission qui démarre mal

Parmi les membres de la commission, figurait au départ Guy Vallancien, l’urologue des stars, chirurgien, universitaire et membre de l’Académie nationale de médecine, ancien conseiller des ministres de la Santé Jean-François Mattéi, Roselyne Bachelot et Xavier Bertrand. Il avait été sanctionné en juin 2021 d’un blâme par l’Ordre des Médecins pour certificat médical mensonger et constitutif d’un manquement au principe de moralité. Selon le journal Marianne, il déclarait : « J’en ai rien à foutre de cette décision. (…) J’en ai rien à foutre du conseil de l’Ordre. » De 2004 à 2014, il dirigeait le Centre des dons de corps à Paris-Descartes dont les conditions de conservation des corps ont fait scandale et pour lesquelles une information judiciaire est en cours. En parallèle, M. Vallancien avait créé une entreprise qui revendait les corps réceptionnés. On peut lire dans L’Express que M. Vallancien « achetait la mise à disposition des corps au tarif public et les revendait plusieurs fois le prix. » Directeur à titre public et revendeur à titre privé, n’était-ce pas un conflit d’intérêt ?

Également connu pour sa position polémique visant à minimiser le scandale du Médiator, M. Vallancien avait reçu le soutien de M. Bronner qui déclarait dans « C Politique » sur France 5 : « J’ai découvert, comme vous, toutes ces histoires, je ne suis pas inspecteur de police ». Il défendait alors celui qu’il considérait comme un  « un très grand médecin », tout en dénonçant  « les esprits malveillants qui radiographient chacun des membres » de la commission. Suite aux critiques qui se sont élevées à son encontre au sujet du Médiator, M. Vallancien a démissionné, se disant victime d’une « ignoble campagne de dénigrement » et de « désinformation ».

Reichstadt, le chasseur de « conspis »

Autre membre de la commission : Rudy Reichstadt, fondateur du site Conspiracy Watch, observatoire des conspirationnismes, connu pour sa lutte incessante contre les « complotistes ». Dans un article du Monde en date du 31 Mars 2020, intitulé  « L’étrange obsession d’un quart des Français pour la thèse du virus crée en laboratoire », il expliquait  cette proportion par « la conjugaison d’une très grande méfiance et d’un profond analphabétisme. (…) Une importante partie de la population n’a aucune conscience de son incompétence ». A cette date, les scientifiques, les politiques et les médias mainstream se moquaient de cette hypothèse, accusant ceux qui ne la rejetaient pas d’être des complotistes. Pourtant, depuis, cette option est envisagée de plus en plus sérieusement comme le rapportent par exemple Le Point et Le Figaro. Rudy Reichstadt s’est-il excusé depuis à ce sujet auprès desdits méfiants, analphabètes et incompétents ?

 

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