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Peut-on faire confiance à nos agences de santé publique ?

Le mardi 8 février, la commission des affaires sociales du Sénat a auditionné la médecin en santé publique Alice Desbiolles. L’occasion, pour elle, de critiquer certains indicateurs et données fournies par nos institutions de santé publique.

 

L’épidémiologiste et diplômée de vaccinologie commence son audition en saluant le travail « de Santé publique France, de la Drees et de l’application TousAntiCovid » pour la « mise à disposition de données de la crise sanitaire […] quotidiennes via l’open data depuis le début de l’épidémie », mais elle ne s’arrête pas là… 

◆ Un manque de transparence

En effet, la docteure Alice Desbiolles regrette « le niveau de transparence » de Santé publique France, car certaines données ne sont pas publiées « alors qu’elles sont disponibles ». Elle donne pour exemple « les comorbidités rapportées par âge et par statut vaccinal ».

De même pour les données des « réanimations pour et avec Covid […] en particulier chez les enfants ». Elle regrette que pour les causes de décès chez l’enfant, la communication soit « faite à l’oral alors qu’au regard du sujet sensible, il serait pertinent de pouvoir évaluer de manière claire cet indicateur ». De plus, sur l’évaluation vaccinale de la Drees pour la tranche d’âge des 11-18 ans, « il n’y a pas de résultat ».

◆ De fausses données 

La médecin souligne également la présence d’indicateurs « erronés puisque 30 % des hospitalisations Covid sont en fait des hospitalisations avec Covid, et non pour Covid, et que cela peut grimper à 50 % pour la tranche d’âge des 20-39 ans ». Il en va de même pour le niveau de tension en réanimation.

Elle explique que l’indicateur TousAntiCovid « n’a pas vraiment de sens puisqu’il rapporte le nombre de patients hospitalisés en réanimation, en soin critique et en soin continu rapporté au seul lit de réanimation ». Et « quand on compare les patients de 3 services et qu’on les rapporte au nombre de lits uniquement d’un seul service […] on a de fait un indicateur qui ne veut rien dire et une estimation qui va forcément être surestimée ».

◆ Des écarts au protocole injustifiés

L’interviewée explique ensuite que « des écarts au protocole ont été notifiés dans le dernier bulletin de Santé publique France ». Selon elle, « des classes d’âge ont été regroupées. Pour les données en réanimation, on a regroupé les 15 ans jusqu’à 64 ans alors qu’avant ils étaient représentés de 15 à 44 ans et de 45 à 64 ans. » Selon la docteure, c’est « problématique puisqu’on n’a pas du tout le même risque de terminer en réanimation pour Covid grave selon l’âge ».

Mais ce n’est pas tout, elle rappelle que le surpoids « est une comorbidité importante » et qu’en 2020, d’après Santé publique France, il était responsable à lui seul « de 15 % de la mortalité ». Malgré cela, le surpoids a disparu du dernier point épidémiologique. Elle pense qu’il « a très probablement été mis dans la ligne “patients sans comorbidités”, ce qui augmente artificiellement le poids des patients sans comorbidités ». À son sens, cela « présente un biais majeur dans l’interprétation des données ».

◆ Un manque de neutralité dans la communication

Elle constate une présentation des données qu’elle trouve « de plus en plus partiale » et qui à son sens « ne respecte pas la neutralité et l’objectivité pourtant de mise ». Elle prend l’exemple du dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France qui conclut en gras « que la part des patients ne présentant pas de comorbidités a augmenté », au lieu de « communiquer sur le fait que plus de 80 % des patients en réanimation ont, d’après leurs données, au moins une comorbidité ». Ce qui devrait être « le message clé », selon elle.

Sachant que le gouvernement se base, en partie, sur ces données et ces indicateurs pour justifier la mise en place de restrictions, peut-on s’inquiéter du manque de clarté des informations transmises par nos agences de santé publique ?

 

Image principale par Senat.fr

 

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