Flambée des prix de l’électricité sur le marché de gros : quelles conséquences pour les Français ?
Malgré le « bouclier tarifaire » instauré par le gouvernement, le prix de l’énergie s’envole depuis plusieurs mois. En cause, la guerre en Ukraine et les sanctions choisies par l’Union européenne pour freiner la Russie, mais également l’arrêt de réacteurs nucléaires français.
La crise énergétique n’en finit pas. C’est au tour du prix de l’électricité d’exploser. Malgré ses 56 réacteurs nucléaires, la France n’est pas épargnée. Alors que le mégawattheure a dépassé 1000 euros il y a quelques jours sur le marché de gros, comment cela va-t-il se répercuter sur la facture d’électricité ?
◆ Explosion des prix du marché
Le prix de gros de l’électricité en France a dépassé 1 000 euros le mégawattheure il y a quelques jours. Le site Selectra indiquait un prix de 516,69 euros à la date du 2 septembre 2022. Il y a un an, il était de 85 euros. Des milliers de clients subissent des augmentations de prix, des changements d’offre et même des menaces de coupure d’électricité. Tous les pays européens sont frappés par cette envolée. Pour Nicolas Goldberg, « les prix sont complètement démentiels ». Dans une interview donnée à France 24, cet expert en énergie chez Colombus Consulting explique que cette flambée des prix pourrait se traduire par « une hausse entre 30 et 40 % des prix régulés » en février.
◆ La France, pays du nucléaire ?
Comment expliquer que la France, avec ses 56 réacteurs, soit victime de l’envolée des prix du marché de l’électricité ? La première raison est qu’actuellement, la France a 32 réacteurs à l’arrêt pour cause de maintenance, se retrouvant donc obligée d’importer beaucoup d’électricité. Le problème est que les centrales étrangères fonctionnent au gaz et, sur le marché européen, c’est le prix de revient de la dernière source d’électricité mobilisée pour répondre à la demande, souvent les centrales au gaz, qui détermine le prix qui s’impose à tous les opérateurs du continent. Ce prix s’est envolé de concert avec la flambée des cours du gaz, causée par la guerre en Ukraine et les sanctions de l’Europe envers le gaz russe.
◆ Une réforme du marché à venir
Face à la flambée des prix de l’électricité, les ministres de l’Énergie de l’Union européenne vont se réunir en urgence. En effet, après six mois de guerre en Ukraine, les appels à modifier le marché commun de l’électricité se multiplient. Dimanche, le chancelier autrichien, Karl Nehammer, a appelé l’Union européenne à « découpler le prix de l’électricité de celui du gaz » pour « arrêter cette folie ». Un appel suivi par d’autres gouvernements. Même l’Allemagne et son chancelier, Olaf Scholz, qui s’étaient farouchement opposés à toute réforme du marché de l’électricité avec huit autres États membres qui jugeaient le système actuel efficace, ont changé de position, estimant « qu’il faut maintenant agir rapidement, de façon coordonnée » à l’échelle de l’Union européenne.
◆ Des répercussions sur la facture ?
Patrice Geoffron, professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine, rappelle que le prix de l’électricité pour les particuliers est réglementé par le gouvernement avec un bouclier tarifaire. Le tarif bleu d’EDF est à 174 euros le mégawattheure. En revanche, la note sera plus salée chez les fournisseurs d’électricité alternatifs, ne bénéficiant pas de tarifs réglementés, dépendant uniquement du prix du marché. Mais leur prix ne sera pas non plus décuplé. « Il y a un amortisseur lié au fait qu’EDF a dû vendre des quantités de son électricité nucléaire à prix cassé aux autres fournisseurs », précise Patrice Geoffron.
◆ Une taxe sur les superprofits ?
Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a annoncé en juillet une nouvelle taxe pour les compagnies électriques qui doit permettre à l’État d’engranger près de 4 milliards d’euros entre 2023 et 2024. Cela permettra de financer les mesures de soutien aux classes moyennes face à la flambée de l’inflation. « Ce gouvernement ne va pas tolérer que certaines entreprises profitent de la crise pour s’enrichir », a-t-il expliqué.
Selon la ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, qui critique leurs marges excessives, les principales compagnies d’électricité ont ignoré, depuis un an, tous les appels à la responsabilité sociale lancés par son ministère.
L’Union européenne, avec ses sanctions contre la Russie, a porté un coup aux porte-monnaie des Européens. Quelques-uns ont décidé pour des millions de personnes d’entrer dans un conflit qui est en train de détruire l’Europe.
Image principale par Bruno Germany de Pixabay
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