Alexandre Penasse : « On est totalement dans du Truman Show. » (VIDÉO)
Kairos est un média belge indépendant et sans pub, tout comme Nexus en France. Ce média vit grâce aux ventes de ses numéros en kiosque et numériques, ainsi qu’aux abonnements de ses lecteurs. Nous avons pu interviewer son rédacteur en chef, Alexandre Penasse, au CSI de Saintes en mai 2023. Un journaliste passionné qui, après six ans de bénévolat, peut enfin toucher un salaire en travaillant d’arrache-pied. L’occasion d’échanger sur le pourquoi et le sens du journalisme indépendant, ainsi que sur les épreuves et joies qui jalonnent cette voie.
◆ Un caillou dans la chaussure des autorités
Avec entre 300 et 400 points de vente qui le proposent en Belgique, autour de 4 000 abonnés et trois personnes salariées, Kairos n’a pas la même portée médiatique qu’un média mainstream. Pourtant, l’équipe de ce magazine connaît le sens du métier de journaliste, quitte à déplaire à certains : rapprocher les lecteurs au plus près de la vérité, notamment en posant les questions qui peuvent déranger, comme il l’avait fait pendant la période Covid face à la Première ministre belge, en pleine conférence de presse.
◆ Une intervention audacieuse et censurée
Fut un temps où Kairos touchait des aides de l’État, mais selon Alexandre Penasse, c’est l’indépendance de son média qui a fait qu’on les lui a retirées. En avril 2020, Alexandre interpellait Mme Wilmès, la Première ministre belge, sur les conflits d’intérêts entre le monde économique et financier et les décideurs politiques, et sur la légitimité démocratique de ces derniers. Résultats des courses : le robinet des aides a été coupé, les portes de la conférence de presse de la semaine suivante ont été fermées au journaliste, et son intervention retirée de la vidéo officielle du gouvernement. Est-ce parce que Mme Wilmès a trouvé sa « question biaisée politiquement », ce qui « n’est pas l’habitude des journalistes » ?… Juste après le petit remue-ménage créé par Kairos, deux articles de journaux sortaient et qualifiaient cette intervention de « bizarre », s’attardant sur le profil d’Alexandre Penasse plutôt que sur les questions qu’il avait posées et surtout sur l’absence de réponse claire obtenue.
◆ La fabrique du mensonge
Pour Alexandre Penasse, « la vérité n’existe pas, elle se construit, comme disait Orwell. Si on est plusieurs à assister à un accident de voiture, on va tous avoir une version différente. Mais il y a une version qui va quand même se rapprocher le plus possible de la réalité. La voiture avait une véritable couleur, elle est arrivée d’un tel endroit. La vérité en elle-même pure n’existe pas puisque nous sommes des êtres parlants. Dès lors qu’on parle, on est en train de décrire un réel, on n’est pas des animaux pris dans le réel directement. On parle de quelque chose, il y a donc déjà un intermédiaire. Il n’y pas une vérité mais on peut s’en approcher, et les médias mainstream font tout le contraire : ils nous éloignent de la vérité et nous fabriquent leur réalité en racontant que la voiture était verte alors qu’elle était rouge, qu’il y avait trois personnes dedans alors qu’il n’y en avait qu’une. »
◆ La nécessité de la cohésion après le choc
Alexandre Penasse poursuit : « Je pense qu’avec ce qui s’est passé ces deux ou trois dernières années, on est totalement dans du Truman Show avec des variantes. C’est plein de gens qui pensent qu’ils sont dans un monde qui n’existe pas, d’où la violence aussi de la prise de conscience. Ceux qui prennent conscience rapidement, qui ont pris conscience avec le Covid de la réalité du pouvoir, de sa violence se prennent une tarte dans la gueule, ce qui fait que maintenant, il y a dans les collectifs plein de conflits qui surgissent alors qu’on devrait être unis plus que jamais. »
◆ Continuer, malgré les embûches
Pas toujours évident de se faire entendre en tant que média indépendant lorsque les médias de masse « n’ont rien de moins que le monopole de la représentation du réel ». Pour Alexandre Penasse, la passivité, le désespoir et le conformisme ambiant sont désespérants. Malgré tout, « il faut y croire encore. La situation est tellement dramatique… “Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait.” » Et finalement, puisque ces médias ont également « le monopole de l’opinion publique […] qui sait en fin de compte s’il n’y a pas beaucoup plus de gens qui sont en désaccord avec le réel qu’on leur impose ? »
👉 Voir notre entretien intégral avec Alexandre Penasse :
👉 Vidéo accessible également sur Odysee
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https://www.kairospresse.be/
Entretien réalisé par Marc Daoud
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