Thierry Breton démissionne de son poste de commissaire européen
Chien de garde du « Digital Services Act » et de la surveillance des réseaux sociaux en Europe, le Français Thierry Breton a annoncé lundi avoir démissionné de son poste de commissaire européen chargé du marché intérieur et du numérique. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait demandé à la France de retirer sa candidature pour un nouveau mandat.
◆ Le « flic » d’Elon Musk
Elon Musk, le patron de X, vient d’être débarrassé de l’un de ses adversaires les plus acharnés : le commissaire européen chargé du marché intérieur et du numérique, Thierry Breton.
Dès le rachat de Twitter par le milliardaire américain en novembre 2022 (qui l’a depuis rebaptisé X), les deux hommes se sont livrés à un infatigable jeu du chat et de la souris, l’un revendiquant le droit à la liberté d’expression sur sa plateforme, l’autre brandissant le tout nouveau règlement européen sur les services numériques (Digital Services Act – DSA), voté en octobre 2022, pour menacer le patron libertarien de sanctions s’il ne mettait pas en place sur son réseau social un fort système de modération et de signalement, voire de censure, des contenus jugés illicites ou participant à la désinformation.
◆ La « boulette » du 12 août dernier
Au fil des mois, le commissaire européen semblait avoir fait du rebelle propriétaire de X son ennemi juré et leur « guéguerre » était devenue une sorte de personnification du combat auquel se livrent actuellement les représentants de la liberté d’expression et les tenants de la censure des médias et des réseaux sociaux.
Jusqu’au jour où Thierry Breton, sans doute aveuglé par son obsession, a fini par dépasser les bornes. Le 12 août dernier, alors qu’Elon Musk avait annoncé la diffusion sur X d’un entretien entre lui et le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine Donald Trump, Thierry Breton s’est en effet permis d’envoyer à Musk, afin de prévenir « l’amplification de contenus dangereux », un rappel de ses obligations de modération dans le cadre du DSA.
◆ La Commission prend ses distances avec lui
Sauf que la Commission européenne n’a pas cautionné cet excès de zèle et s’est immédiatement désolidarisée du geste du commissaire français, le considérant comme malvenu et pouvant donner l’impression d’une immixtion des autorités européennes dans la campagne électorale américaine.
« Le timing et la formulation de la lettre n’ont été ni coordonnés ni convenus avec la présidente [Ursula von der Leyen] ou le collège » des commissaires, a déclaré dès le lendemain Arianna Podesta, porte-parole de l’exécutif européen, d’après des propos relayés par Le Monde.
◆ Breton dénonce une « gouvernance douteuse »
Est-ce la raison pour laquelle Ursula von der Leyen a demandé à la France de retirer la candidature de Thierry Breton au collège des commissaires européens ? Ou est-ce parce que la présidente de la Commission européenne souhaite avoir davantage de candidatures féminines, afin de mieux respecter la parité hommes-femmes ?
Dans sa lettre de démission, publiée sur son compte X, Thierry Breton dénonce plutôt « des raisons personnelles », dont la présidente n’aurait « en aucun cas discuté directement avec [lui] ». En échange de son retrait, Ursula von der Leyen aurait promis à la France un « portefeuille prétendument plus influent au sein du futur collège ». Visiblement amer, l’ex-commissaire français parle de « gouvernance douteuse », dont ces derniers soubresauts ne seraient qu’une « preuve supplémentaire ».
En réalité, comme le rapporte Le Monde, les relations entre Thierry Breton et Ursula von der Leyen étaient très tendues « depuis que ce dernier avait pris la tête au printemps d’une fronde au sein de l’exécutif bruxellois pour contester le style de direction de la présidente, jugé peu collectif ».
◆ Ministre dans le prochain gouvernement ?
Ainsi évincé de la Commission européenne (et déjà remplacé par le nouveau candidat Stéphane Séjourné), où Thierry Breton va-t-il atterrir ? Peut-être dans le futur gouvernement français ? Rappelons qu’il a déjà été ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie de février 2005 à mai 2007. Bruno Le Maire venant d’accepter un poste d’enseignant en Suisse et ayant fait son discours de départ jeudi dernier, la place est à prendre. Réponse sous peu.
Article par Alexandra Joutel
(Image extraite du reportage d’Euronews du 14/11/2019 consacré à Thierry Breton)
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