« Nous vivons en “pourritocratie”, mais j’y crois encore », Florence Verheyen Valade, ex-candidate indépendante aux législatives (Témoignage)
Nous avions suivi le parcours de Florence Verheyen Valade, éleveuse de bisons bio et opposante aux projets éoliens sur son territoire, lorsqu’elle s’est présentée aux élections législatives de 2024 de manière indépendante parce qu’elle n’en pouvait plus des « politocards ». Depuis, alors qu’elle a à peine dépassé les 1 % des votes dans la Creuse, il semblerait selon elle que Florence dérange et qu’on cherche à lui compliquer la vie.
◆ Un profil atypique
« Depuis que je me suis lancée dans la campagne des législatives, je trouve que ma vie est digne d’un scénario Netflix. » Si Florence dit avoir conscience depuis un bon moment des dysfonctionnements de notre système politique, ce qu’elle a expérimenté et expérimente lui a ouvert les yeux sur le fait que « nous vivons en “pourritocratie” ». Véritable « poil à gratter » pour certains, qui ne se catalogue intégralement ni à droite ni à gauche, mais « un peu partout », elle n’a pas la langue dans sa poche lorsqu’il s’agit d’empêcher la destruction des paysages creusois pour l’implantation d’éoliennes ou d’antennes 5G « aux méfaits trop souvent méconnus et sous-estimés sur les animaux, les êtres humains et l’environnement ».
C’est avant tout dans le milieu associatif que Florence est engagée. Présidente de l’association Mont de Transet Vent Debout, elle a ensuite décidé de se présenter aux législatives lorsqu’Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée nationale le 9 juin 2024. Lassée des « candidats carriéristes avec des promesses vides d’espoir », elle a voulu passer à l’action en immersion dans ce milieu tant critiqué plutôt que se contenter de se plaindre. Résultats des courses : 1,25 % des votes. Insuffisant pour passer au second tour et devenir députée. Autre domaine d’action envisagé : un nouveau syndicat agricole indépendant.
◆ Une voix qui dérange les institutions ?
Découvrir et respecter les méandres administratifs pour les associations, candidatures et syndicats n’est déjà pas une mince affaire. Mais il semblerait que l’aspect « paperasses » ait été moins difficile à vivre que les diverses pressions exercées sur Florence, mais aussi sur son entourage. S’il est impossible de prouver que certains incidents ont un lien avec son engagement, d’autres sont pour elle sans équivoque. « En pleine campagne électorale, j’ai écopé d’un contrôle sanitaire sans être prévenue du tout. Mon suppléant a quant à lui écopé d’un contrôle fiscal, de la PAC et de la direction des services vétérinaires. Juste après les législatives, nous avons voulu continuer la lutte avec la création d’un nouveau syndicat agricole et avons organisé une assemblée générale. J’ai alors reçu un appel du directeur des services généraux de la Creuse en personne qui m’a dit qu’ils allaient nous suivre de près. Nous avons découvert plusieurs jours après cette AG qu’une caméra de surveillance avaient été installée en face de chez moi. Des personnes présentes ont eu des soucis administratifs juste après, ainsi que certains membres de ma famille. »
Mais ce n’est pas tout : « Deux gendarmes se sont rendu chez un ami et l’ont incité à rompre tout contact avec moi. Et en plein live sur TikTok avec Nicolas G. qui m’avait invitée, l’émission a été restreinte en plein milieu. » L’explication donnée par TikTok : « Le contenu du live de Florence Verheyen Valade aborde des thèmes qui peuvent mettre mal à l’aise. Si tu continues à utiliser ce contenu dans ton live, celui-ci sera indisponible pour certains publics. »
◆ La force de croire
Malgré tout, Florence garde la foi. « J’en suis même venue à avoir un éveil spirituel, moi qui n’en avais pas. Quand j’étais jeune, je disais que “croire, c’était pour les faibles”. Maintenant, je me dis que “croire, c’est pour les forts”. La situation est tellement grave que pour continuer à croire, il faut avoir une sacrée énergie intérieure. Et quand tu vois qu’il existe réellement une forme de “mal” d’un côté, tu te dis que pour avoir autant de dévotion pour autant de malhonnêteté, de malfaisance, il y a forcément de quoi contrecarrer. J’ai alors décidé de choisir le camp du “bien”. Nous avons besoin d’un peu plus de spiritualité, d’humanité, de beauté, de bonté et je me revendique de ce camp-là. Ça me donne une bonne étiquette de complotiste ou de barjo, mais je m’en fous. »
« Il y a de plus en plus de personnes qui se posent de bonnes questions et qui veulent trouver des solutions. J’estime ne pas avoir la science infuse, et les solutions, on les trouvera ensemble, par la concertation. Étant donné que d’autres personnes ont un avis différent, un regard différent sur les choses, ça peut mettre en lumière des solutions et réponses à toutes nos problématiques actuelles et face aux monstres qu’on a devant nous. »
Propos recueillis par Estelle Brattesani
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