Politique

Covid-19 : à quand une véritable enquête parlementaire et un état des lieux complet de la gestion de la crise sanitaire ?

Agnès Buzyn, Olivier Véran et Édouard Philippe étaient tous trois visés par une enquête judiciaire devant déterminer leurs responsabilités pénales dans la gestion de la crise du Covid-19. Finalement, aucun d’eux n’est mis en examen. Une autre enquête menée par le Pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris est toujours en cours. Du côté du Sénat, toujours pas d’enquête parlementaire en vue, alors que le Congrès américain vient d’achever la sienne. La France fera-t-elle un jour un état des lieux complet de la gestion politique de cette crise sanitaire ?

◆ Enquête judiciaire pour “mise en danger de la vie d’autrui et abstention volontaire de combattre un sinistre”

Dès la fin du mois de mars 2020, alors que la France était confinée, des plaintes ont commencé à affluer à l’encontre du Premier ministre de l’époque, Édouard Philippe, et des deux ministres de la Santé qui se sont succédé en début de crise sanitaire, Agnès Buzyn et Olivier Véran. Les accusations étaient diverses et variées : manque d’équipements de protection pour les personnels soignants (masques, blouses…), délai d’activation du centre de crise jugé trop long, choix de maintenir le premier tour des élections municipales de 2020, errements dans les consignes sanitaires…

Suite aux nombreuses plaintes déposées, la Cour de justice de la République (CJR) a ouvert une information judiciaire en juillet 2020 pour “mise en danger de la vie d’autrui et abstention volontaire de combattre un sinistre”.

◆ Vers un probable non-lieu

Après plus de quatre ans d’instruction, la CJR a clos son enquête le 28 novembre dernier, a-t-on appris le 30 décembre par nos confrères de France Info. Résultat : aucun des trois anciens ministres n’est mis en examen, ce qui “ouvre la voie à un très probable non-lieu dans les mois qui viennent”.

Pourtant, comme le rappellent Les Échos, l’instruction a donné lieu à “de nombreuses auditions et perquisitions, jusqu’aux domiciles et bureaux d’Édouard Philippe, Agnès Buzyn et Olivier Véran, mais aussi chez le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, et la directrice générale de Santé publique France, Geneviève Chêne”. Et le dossier, qui ferait aujourd’hui des “dizaines de milliers de pages”, contient très certainement de nombreux éléments intéressants. Que va-t-il en advenir ?

Certains espèrent que le travail de la CJR ne finira pas définitivement au placard et viendra nourrir une autre enquête toujours en cours sur la gestion de la crise, menée par le Pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris.

◆ Les vraies questions ne sont toujours pas abordées

Mais au fond, est-ce vraiment ce type d’enquête qu’une partie des Français attend ? Ce qu’il faudrait véritablement interroger dans la gestion de cette crise est toute la politique sanitaire menée de 2020 à 2023 : la propagande, le confinement, les couvre-feux, le rôle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ceux du conseil scientifique et des cabinets de conseil, le plan ORSAN REB, l’affaire du Rivotril dans les Ehpad, la mise en place de la censure dans les médias et les réseaux sociaux, les liens d’intérêts des “experts” autorisés à s’exprimer, la guerre contre les traitements à base de molécules anciennes, les mesures barrière, l’utilisation massive des tests RT-PCR, les mesures imposées aux enfants dans les écoles, les contrats d’achat des vaccins avec l’Union européenne, l’autorisation de mise sur le marché de produits peu évalués, l’absence de reconnaissance de leurs effets secondaires, le fonctionnement des centres de vaccination, l’atteinte aux libertés individuelles, l’affaire des soignants et pompiers suspendus sans rémunération, la discrimination instaurée par les pass sanitaire et vaccinal, le harcèlement envers les non-vaccinés (y compris par le président de la République lui-même)…

◆ En Allemagne, les révélations des “RKI files”

Cette crise du Covid-19 a été historique et hors norme à bien des égards, notamment en raison des moyens inédits mis en œuvre, l’ampleur des décisions prises et leurs conséquences multiples (sanitaires, psychologiques, sociétales, économiques…). Nombreux sont ceux qui pensent que cette “crise” a été plus politique que sanitaire. Et il faudra bien un jour en faire un examen approfondi.

La révélation des “RKI files” en Allemagne donne un aperçu de la façon dont certains choix politiques ont été effectués, sans réel fondement scientifique ou médical, contrairement à ce qui était officiellement déclaré par les autorités.

⇒ Lire nos articles des 22 avril et 2 août 2024 :

◆ Aux États-Unis, le volumineux rapport du Congrès

Aux États-Unis, la commission du Congrès qui enquêtait depuis plus de deux ans sur la gestion de la pandémie dans ce pays a publié le 4 décembre dernier un rapport de plus de 500 pages, qui remet en question plusieurs aspects de la politique sanitaire menée.

En France, on ne voit toujours rien venir. Près de cinq ans après le début de la crise, aucune enquête parlementaire digne de ce nom n’a été engagée.

◆ En France, le rapport d’enquête torpillé de l’OPECST

Certes, il y a bien eu une enquête menée au printemps 2022 par l’Office parlementaire des choix scientifiques et techniques (OPECST) suite, rappelons-le, à une pétition citoyenne. Mais elle ne concernait que la pharmacovigilance et les effets indésirables des vaccins anti-Covid, ce qui n’est pas rien, cela dit.

Malheureusement, en dépit de plusieurs interventions pertinentes (dont celle du pharmacien Amine Umlil), rien de très satisfaisant n’est ressorti de ce travail. L’enquête a d’abord abouti en juin 2022 à un rapport d’étape incomplet, avec des retranscriptions d’audition tronquées (lire notre article du 4 août 2022). Puis elle a été plus ou moins enterrée par la nouvelle présidence de l’office, à partir de septembre 2022.

⇒ Lire notre article du 6 octobre 2023 :

Effets indésirables des vaccins anti-Covid : un sujet non prioritaire pour l’OPECST !

◆ Un second rapport totalement dans la doxa

Un rapport conclusif a tout de même fini par être déposé le 30 mai 2024. Mais celui-ci met surtout l’accent, dans sa dernière partie, sur la “désinformation”, la “mésinformation” et les “fausses croyances” en matière de santé. Évidemment, celles qui sont dénoncées par les rapporteurs sont celles soi-disant véhiculées sur les réseaux sociaux et non celles que l’on peut trouver dans les grands médias, dans la bouche de certains “experts” ou dans la parole officielle des dirigeants ou des autorités publiques.

Les premières lignes de ce rapport sont d’ailleurs révélatrices. On y trouve toujours le même laïus sur les vaccins : “Grâce à la démonstration de leur efficacité et de leur sécurité, les vaccins contre la Covid-19 […] ont vu leur autorisation de mise sur le marché conditionnelle convertie en autorisation standard. Comme l’a montré une étude française, la disponibilité rapide de ces vaccins […] a permis de sauver un nombre considérable de vies.” La messe est dite : il n’y aura aucune remise en question ni de l’efficacité ni de la sécurité de ces produits, ni même du bien-fondé de leur utilisation.

◆ L’exemple pourtant édifiant du rapport du Sénat sur la grippe H1N1

La France est pourtant capable de mieux. En 2010, suite à la pandémie de grippe A (H1N1)v, officiellement déclarée en juin 2009 par l’OMS, une commission d’enquête avait été constituée au Sénat pour lever les zones d’ombre sur “le rôle des firmes pharmaceutiques dans la gestion par le gouvernement” de cette crise sanitaire. Après de nombreuses auditions, le rapport des enquêteurs avait été remis le 29 juillet 2010, soit à peine plus d’un an après le début de la pandémie.

Ce document édifiant, fruit d’un travail remarquable, contient énormément d’informations et d’analyses sur le poids du lobbying au sein de l’OMS, les conflits d’intérêts de certains experts avec l’industrie pharmaceutique, la façon dont les contrats d’achat des vaccins ont davantage servi les intérêts des fournisseurs que ceux de l’État, l’utilisation des modélisations mathématiques pour dramatiser la gravité des épidémies, le rôle joué par les médias, etc.

Nous sommes désormais en 2025 : à quand un équivalent sur la gestion politique de la crise du Covid ?

Article par Alexandra Joutel

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