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L’ivermectine, le fenbendazole, le bleu de méthylène et le dioxyde de chlore peuvent-ils guérir le cancer ?
Mel Gibson a récemment fait le buzz sur les réseaux sociaux en témoignant dans une émission que trois de ses amis avaient guéri de leur cancer en utilisant des traitements non conventionnels. Plusieurs médecins ont réagi dans les médias pour discréditer ces propos et les traitements en question. Pour notre part, nous choisissons d’ouvrir le débat sur ce sujet important, en laissant s’exprimer d’autres chercheurs et en lançant un appel à témoignages.
◆ Des « trucs » qui guériraient des cancers de stade 4
L’acteur Mel Gibson a créé la polémique en racontant, le 9 janvier dernier, lors d’un entretien avec le podcasteur américain Joe Rogan, que trois de ses amis ont guéri de leur cancer de stade 4 grâce à des traitements alternatifs, parmi lesquels l’ivermectine, le fenbendazole, le bleu de méthylène et le dioxyde de chlore.
Peu surpris, Joe Rogan a confirmé entendre beaucoup parler de ces traitements. L’animateur a même souligné qu’on aurait découvert que le bleu de méthylène, initialement utilisé pour teindre le textile, aurait « de profonds effets sur nos mitochondries », ces organites considérés comme les centrales énergétiques de nos cellules. Des chercheurs estiment en effet que le dysfonctionnement des mitochondries aurait un impact significatif dans le développement de certains cancers et d’autres maladies, en particulier neurodégénératives.
« Yep! This stuff works, man » (oui, ce truc fonctionne, mec), a renchéri Mel Gibson, tandis que Joe Rogan se demandait à haute voix « pourquoi ces traitements sont diabolisés alors qu’ils se révèlent efficaces » et « comment il est possible que les institutions médicales ne promeuvent pas des choses qui guérissent juste parce qu’elles ne sont pas rentables ».
◆ Plusieurs médecins réagissent
La levée de boucliers n’a pas tardé dans le corps médical, notamment en France. Dès le 13 janvier, Le Parisien a donné la parole à « plusieurs médecins » qui « s’insurgent », mais qu’on ne pourra pas citer, l’article étant réservé aux abonnés. BFMTV a suivi dans la foulée, en faisant réagir deux personnalités déjà connues pour leurs positions pro-vaccin et anti-traitements alternatifs durant le Covid : le Dr Jérôme Barrière, oncologue médical et membre de la Société française du cancer, et le Pr Mathieu Molimard, chef du service de pharmacologie au CHU de Bordeaux.
◆ Les gens risquent de se détourner des « traitements réellement efficaces »
« Les risques [de ce genre de propos], c’est que les gens se détournent des traitements réellement efficaces, en essayant des molécules qui n’ont pas prouvé d’efficacité et en perdant du temps », a commenté Jérôme Barrière, sans préciser quels sont les « traitements réellement efficaces » auxquels il fait allusion. La radiothérapie ? La chimiothérapie ? L’immunothérapie ? Vu le nombre de personnes qui décèdent chaque année d’un cancer, peut-on dire que ces traitements lourds (et coûteux) sont « réellement efficaces » ? Parfois oui, parfois non, sans compter les effets secondaires. Peut-être est-ce la raison pour laquelle des patients cherchent remède ailleurs ?
◆ Un discours « complotiste » sur les médecins et Big Pharma
Quant à Mathieu Molimard, son seul argument (ou le seul retenu par le journaliste qui l’a interviewé) tient dans un seul mot répété trois fois : complotiste. Le podcast de Joe Rogan est, selon lui, « très connu pour être un site complotiste » et Mel Gibson reprend « les éléments habituels du complotisme, à savoir que si on ne propose pas ça, c’est parce qu’on est payé par Big Pharma ». Bref, « tous ces discours complotistes qu’on a entendus dans le Covid se reproduisent ». Un argumentaire hautement scientifique…
◆ À propos du dioxyde de chlore
Plus sérieusement, l’AFP Factuel est allé jusqu’en Argentine pour trouver un expert : le Dr Matías Norte, de la division de chirurgie oncologique de l’hôpital de Clínicas à Buenos Aires. Celui-ci affirme « qu’il n’existe aucune étude montrant que le dioxyde de chlore pourrait guérir le cancer ». L’article précise également que l’ingestion de dioxyde de chlore peut entraîner des problèmes de santé, comme l’a signalé l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en 2010. Rappelons cependant que tout médicament, pris n’importe comment, peut en provoquer.
◆ À propos de l’ivermectine
L’ivermectine, habituellement réduite à un usage antiparasitaire pour traiter les poux ou la gale chez l’homme, ne serait pas mieux. L’AFP Factuel cite l’agence de sécurité du médicament américaine, la Food and Drug Administration (FDA), pour souligner que son surdosage peut créer des troubles de santé plus ou moins graves, pouvant aller jusqu’à la mort. Pour information : le paracétamol aussi peut tuer en cas de surdosage.
Le Dr Norte précise que l’ivermectine « n’est en aucun cas utilisée pour le traitement du cancer » et qu’il n’existe jusqu’ici aucune preuve scientifique pour soutenir son efficacité contre cette maladie. « On pense qu’elle pourrait atteindre le niveau de glycolyse, c’est-à-dire qu’elle empêcherait le glucose de pénétrer dans la cellule cancéreuse, mais cela ne provoquerait en aucun cas la mort de la cellule cancéreuse », ajoute-t-il.
◆ À propos du fenbendazole
Le fenbendazole est également un antiparasitaire (très exactement, un anthelminthique) utilisé pour traiter les animaux. L’AFP Factuel note que « des études solides ont examiné ce médicament et d’autres de la même catégorie comme traitements anticancéreux potentiels, mais n’ont pas trouvé suffisamment de preuves pour confirmer qu’ils peuvent guérir le cancer chez l’homme ».
En 2023, Sheila Singh, la directrice du Centre de découverte en recherche sur le cancer de l’université McMaster au Canada, aurait fait mention à l’AFP de « résultats prometteurs obtenus à partir de cellules cancéreuses ». Mais en raison d’un manque de données, il n’est pour l’instant pas possible, scientifiquement, d’« affirmer [que le fenbendazole] pourrait guérir le cancer ».
◆ À propos du bleu de méthylène
Concernant le bleu de méthylène, des découvertes récentes montreraient qu’il « pourrait avoir des avantages pour le traitement du glaucome, mais rien de plus. En réalité, il a plus de toxicité que d’avantages », assure Matías Norte.
De manière générale, sa collègue argentine Victoria Costanzo, oncologue clinicienne, affirme qu’il n’existe aucune preuve scientifique soutenant l’utilisation du bleu de méthylène, du fenbendazole, de l’ivermectine ou du dioxyde de chlore dans le traitement du cancer. « Pour l’instant, il s’agit d’expérimentations ou de fantasmes », a-t-elle déclaré à l’AFP, ajoutant qu’elle ne recommande à personne, « encore moins aux patients diagnostiqués d’un cancer, de consommer l’un de ces médicaments sans le contrôle strict de leur médecin ».
◆ D’autres regards sur ces traitements
Dommage que l’AFP n’ait pas pensé à demander son avis à l’oncologue français Laurent Schwartz, auteur d’un ouvrage paru récemment aux éditions Thierry Souccar : Le Bleu de méthylène : Un remède oublié, un nouvel espoir contre le cancer, la dépression et les maladies du cerveau. Ce livre, actuellement numéro 1 des ventes sur Amazon dans la catégorie « Cancer », est le fruit de vingt ans de recherche sur le bleu de méthylène et ses nombreux bénéfices thérapeutiques. Sans doute le Dr Schwartz aurait-il eu des choses intéressantes à dire à nos confrères ?
⇒ Voir l’entretien que le Dr Schwartz a accordée à Nexus en novembre 2024 :
⇒ Lire notre dossier sur les recherches du Dr Schwartz, « Quelles nouvelles pistes pour le traitement du cancer ? », paru dans notre hors-série Santé de décembre 2019, disponible dans notre boutique en ligne :
Concernant la solution de dioxyde de chlore (ou CDS), le magazine Nexus a consacré un dossier complet à ce produit dans son numéro 151 (mars-avril 2024) et réalisé deux entretiens vidéo avec son inventeur, le chercheur et biophysicien allemand Andreas Kalcker.
⇒ Lire le dossier paru dans le numéro 151 de Nexus, disponible en version digitale dans notre boutique en ligne :
⇒ Voir l’interview qu’Andreas Kalcker a accordée à Nexus en mars 2024 :
⇒ Voir la seconde interview qu’Andreas Kalcker a accordée à Nexus en décembre 2024 :
◆ Appel à témoignages
Sans être médecins ou scientifiques, nous nous permettons juste ici d’ouvrir le débat sur ces traitements non conventionnels, car s’ils peuvent avoir un quelconque effet positif sur le cancer ou, mieux encore, le guérir, il nous semble important et dans notre rôle d’en parler.
Nous lançons d’ailleurs un appel à témoignages aux personnes atteintes ou guéries d’un cancer, qui ont essayé les traitements alternatifs cités dans cet article (ou d’autres), afin de nous faire part de leur expérience, de ce qui les a motivées à sortir des protocoles hospitaliers traditionnels, et de partager avec nous les résultats obtenus, qu’ils soient positifs ou négatifs.
Merci d’envoyer vos témoignages par mail à courrierlecteurs@nexus.fr en indiquant vos coordonnées téléphoniques, afin que nous puissions vous contacter si besoin.
Nous publierons vos témoignages sur notre site internet Nexus.fr, en indiquant juste votre prénom et votre âge, sauf si vous souhaitez rester anonyme (précisez-le-nous, dans ce cas).
À noter que nous avons déjà publié des témoignages de personnes ayant testé l’usage de la CDS en avril 2024, mais un seul concernait un cas de cancer. Pour les lire, cliquez ici.
Article par Alexandra Joutel
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