masculinisme, féminisme et réconciliation Société

Masculinisme VS Féminisme : vers une réconciliation ?

La crise de la masculinité serait un mythe, et le masculinisme essentiellement un discours misogyne et antiféministe. Les choses sont évidemment plus complexes, et plus passionnantes ! Plongée dans l’entrelacs des relations entre hommes et femmes… Avec la crise de la masculinité – Autopsie d’un mythe tenace (1) de Francis Dupuis-Déri, professeur de sciences politiques […]

La crise de la masculinité serait un mythe, et le masculinisme essentiellement un discours misogyne et antiféministe. Les choses sont évidemment plus complexes, et plus passionnantes ! Plongée dans l’entrelacs des relations entre hommes et femmes…

Avec la crise de la masculinité – Autopsie d’un mythe tenace (1) de Francis Dupuis-Déri, professeur de sciences politiques au Québec, on découvre que les partisans du « masculinisme », quoiqu’il s’agisse d’un courant minoritaire, essaiment à l’époque actuelle et à travers l’Histoire (récente, en tout cas, comme nous allons le voir). Ce terme renvoie à un phénomène qui n’est pas d’apparition strictement récente, mais qui prend aujourd’hui du relief, sous des formes multiples et variées. Francis Dupuis-Déri le désigne comme « un contre-mouvement qui cherche à freiner, arrêter ou faire reculer le processus d’émancipation des femmes, au nom des “droits” et surtout des intérêts des hommes par rapport aux femmes (2) ». Le discours masculiniste serait, nous dit-il, « fondamentalement misogyne, puisque ce qui est féminin est présenté comme un problème, une menace, un élément toxique qui plonge le masculin en crise, qui le détruit, qui le mue en son contraire : le féminin». Selon l’historienne de l’antiféminisme Christine Bard, « la rhétorique de la crise de la masculinité […] exprime toujours la hantise de l’égalité. […] Elle masque surtout la persistance du sexisme dans notre environnement culturel (3). »

 

◆ Big Mother plutôt que Big Brother ?
C’est un des leitmotivs du discours masculiniste, et l’un des arcanes de la crise prétendue ou avérée : la société se serait mise à pencher du côté du féminin. Les États eux-mêmes embrasseraient le parti de l’empathie et du pacifisme (considérés comme des valeurs plus spécifiquement féminines) et adopteraient des principes de gouvernement féminins et maternants. En fait de Big Brother, nous aurions, au titre de réalisation de la prophétie orwellienne, une Big Mother (4) !

 

◆ Des racines dans la Révolution française
L’historien André Rauch situe le début de la « crise de l’identité masculine » à la Révolution française. Pour lui, il ne s’agirait pas moins que d’une « crise de civilisation, peut-être unique dans l’histoire ». Avec les événements de 1789, « le paternalisme d’Ancien Régime se fissurait sous les coups de la fraternité révolutionnaire (5) », et de la Déclaration des droits de l’homme la domination masculine sortira, dit-il, « altérée de manière irréversible ». On assiste, insiste Rauch, à l’« effondrement d’une base de la vie sociale, le pouvoir masculin, historiquement constitutif de l’identité des hommes et des femmes », avec, « pour la première fois dans l’histoire peut-être […], l’avènement d’une société mixte (6) ».

 

◆ Le sexe de l’âme ?
Pour Julius Evola, philosophe, poète et peintre italien (1898-1974), « le sexe existe, non seulement avant et au-delà du corps, mais dans l’âme, et, dans une certaine mesure, dans l’esprit (7) ». « On est homme ou femme intérieurement, avant de l’être extérieurement », ajoute-t-il. « Les sexes, avant d’exister physiquement, existaient comme des forces supra-individuelles et comme des principes transcendants ; avant d’apparaître dans la “nature”, ils existaient dans la sphère du sacré, du cosmique, du spirituel. (8) »

 

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  1. La Crise de la masculinité – Autopsie d’un mythe tenace, Dupuis-Déri Francis – Les Éditions du Remue-ménage, 2018.
  2. Idem
  3. Citée par Dupuis-Déri, p. 219.
  4. Schneider Michel, Big Mother – Psychopathologie de la vie politique, 2005, cité par Dupuis-Déri, p. 16.
  5. Rauch André, Histoire du premier sexe, Hachette Littératures, p. 7. Cette édition de 2006 regroupe deux ouvrages, parus successivement en 2000 et 2004. Le premier était intitulé Le Premier Sexe, en référence au livre de Simone de Beauvoir, et l’auteur a souligné, dans un courriel qu’il nous a adressé, que le titre de son propre livre a été ensuite « plagié par un autre auteur » (Le Premier Sexe, d’Éric Zemmour, paru en 2006),
    qu’il ne nomme donc pas, mais dont il tient à préciser qu’il ne partage ni ses « opinions » ni ses « postures ».
  6. Rauch André, op. cit., p. 13.
  7. Evola Julius, Métaphysique du sexe, Éd. Guy Trédaniel, p. 48.
  8. Idem, p. 157.