5G : le déploiement d’abord, l’évaluation des risques sanitaires ensuite
Alors que la 5G stimule de plus en plus l’appétit des opérateurs téléphoniques, et que 14 tests grandeur nature sont déjà en cours dans toute la France, l’Anses vient d’annoncer qu’elle va conduire une expertise pour évaluer les risques sanitaires liés à l’exposition aux ondes 5G d’ici… la fin 2021 ! On pourrait croire que […]
Alors que la 5G stimule de plus en plus l’appétit des opérateurs téléphoniques, et que 14 tests grandeur nature sont déjà en cours dans toute la France, l’Anses vient d’annoncer qu’elle va conduire une expertise pour évaluer les risques sanitaires liés à l’exposition aux ondes 5G d’ici… la fin 2021 !
On pourrait croire que toute technologie déployée massivement fait l’objet d’une étude d’impact sanitaire au préalable avant son déploiement, comme c’est le cas avec une autorisation de mise sur le marché pour un médicament. Mais avec la 5G, nous sommes les cobayes et l’Anses dit en substance qu’elle verra ensuite.
◆ On déploie, et on analyse les risques sanitaires ensuite
On découvre sur le site de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) que :
« Afin d’accompagner le déploiement de la 5G, l’Anses a lancé des travaux d’expertise visant à évaluer les risques sanitaires liés à l’exposition des populations. L’Agence a identifié les grands axes de travail sur lesquels vont se pencher les experts scientifiques d’ici la fin 2021. (1) »
Dans ce court extrait, on y apprend donc que la 5G va être « déployée » et que l’étude des risques sanitaires n’est pas là pour trancher sur son déploiement mais pour l’« accompagner ». Et au cas où nous n’aurions pas compris, il est précisé : « En France, le déploiement de la 5G va être lancé en 2020. » Un an avant les conclusions des experts scientifiques, la 5G sera bel et bien installée sur le territoire. Une drôle de façon de protéger les Français…
◆ Les industriels de la 5G à la rescousse de l’Anses pour évaluer les risques sanitaires, on croit rêver…
Ce qui est inquiétant, c’est que l’Anses affirme elle-même qu’elle ne dispose pas des données nécessaires à l’évaluation des risques sanitaires. Voici ce que l’on peut lire sur son site :
« Etant donné qu’il s’agit d’une nouvelle technologie en cours de développement, l’évaluation des risques est conditionnée par l’acquisition des données techniques sur les différentes technologies déployées. Ainsi, l’Anses souligne la nécessité d’obtenir le maximum d’informations de la part des industriels impliqués afin d’estimer au mieux les scénarios d’exposition et d’anticiper les éventuels risques pour les populations. »
« Scénarios d’exposition »,« éventuels risques pour les populations »… Comment contrôler les données que fourniront ces mêmes industriels alors qu’ils sont financièrement impliqués dans le déploiement de la 5G ? L’Anses ne se pose pas la question du conflit d’intérêts…
◆ Orange veut accélérer l’installation des antennes
Dans une interview disponible sur le site Le Télégramme (3), le patron d’Orange de la région Ouest, Pierre Jacobs, annonce que 20 000 antennes seront installées en 2020. On y apprend que les investissements financiers sont « conséquents » et que concernant le risque sanitaire :
« (Il) n’est pas justifié. Il y a à la fois beaucoup d’études scientifiques et puis des normes. L’Agence nationale des fréquences est là pour mesurer, on a des normes à respecter tant sur les réseaux mobiles que sur les produits. » Or, Pierre Jacobs n’est-il pas au courant que l’Anses recueillera l’avis des experts scientifiques fin 2021 ?
◆ Des radiofréquences potentiellement dangereuses !
Dès 2011, déjà, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait classé les radiofréquences comme « cancérogènes possibles pour l’Homme ». L’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, recommandait en 2013 que le développement de nouvelles infrastructures de réseaux devait « faire l’objet d’études préalables en matière de caractérisation des expositions, en tenant compte du cumul des niveaux existants et de ceux qui résulteraient des nouvelles installations ».
◆ Des effets connus depuis 1981
En 2016, une étude étasunienne du National Toxicology Program montrait que des rats exposés à des ondes de 900 MHz développent des cancers. Enfin, la même année, en juillet, une étude de l’Anses estimait que ces « ondes de la 5G ont des effets possibles sur les fonctions cognitives et le bien-être des plus jeunes ». Des alertes sérieuses datent de bien plus longtemps encore. Un rapport commandé en 1981 par la Nasa dévoilait déjà les effets biologiques des ondes électromagnétiques : mal de tête, fatigue, épuisement du système nerveux, douleur musculaire, cancer…
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