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La mammographie provoque-t-elle des cancers du sein ?

La grande campagne de communication Octobre rose incitant au dépistage du cancer du sein vient de se terminer. Celle-ci nous laisserait penser que le dépistage du cancer serait sans danger. Pourtant, les résultats de nombreuses études scientifiques sur le sujet démontrent le contraire.

Scanners, radiographies, mammographies… Chaque année, 70 à 90 millions de radios seraient réalisées en France. Mais de nombreuses études démontrent que des examens trop fréquents pourraient être dangereux.

Des examens à risque ?

Le docteur Marijke Jansen-van der Weide et ses collègues de l’université de Groningen, aux Pays-Bas, ont analysé les résultats de six études portant sur l’impact d’une faible exposition aux radiations chez les femmes à haut risque de cancer du sein. Ils ont démontré que chez ces patientes à haut risque, l’exposition aux rayons via la mammographie multipliait par 1,5 le risque de développer un cancer par rapport aux femmes à haut risque ne passant pas de mammographies. Il serait même multiplié par 2,5 chez les jeunes femmes qui passent leur première mammographie avant leurs 20 ans ou qui ont subi plus de cinq mammographies. Selon les auteurs, « l’exposition répétée aux radiations devrait être évitée pour ces femmes ». Pour ces patientes à haut risque de cancer, nécessitant un dépistage régulier, les auteurs suggèrent l’utilisation d’autres examens de contrôle, comme l’imagerie par résonance magnétique (IRM) ou par ultrasons.

Mammographies, avantages ou pas ? 

Une autre étude publiée en février 2009 par des chercheurs allemands suggérait déjà que le recours à la mammographie puisse être délétère chez les jeunes femmes porteuses d’une mutation BRCA. Selon eux, pour que le bénéfice de la mammographie surpasse ce risque, il faudrait que le dépistage réduise la mortalité d’au moins 51 % chez les 25-29 ans, de 12 % chez les 30-34 ans et de 4 % chez les 35-39 ans. Considérant que la réduction de mortalité liée au dépistage du cancer du sein n’excède pas 15 à 25 % chez les jeunes femmes, les chercheurs estiment donc que le dépistage par mammographie est nocif chez les jeunes filles de 25 à 29 ans porteuses de la mutation BRCA et que son intérêt est quasi nul chez les femmes de 30 à 34 ans. Ils concluent donc que les mammographies ne devraient être utilisées qu’à partir de 35 ans pour les patientes qui portent cette mutation.

Des surdiagnostics

Publiée en 2014 dans le Journal of The American Medical Association (JAMA), une étude alerte sur les risques sous-estimés de la mammographie lorsqu’elle est utilisée comme outil de dépistage. « Le principal danger de cette technique est le surdiagnostic qui affecterait 19 % des femmes », explique le Dr Nancy Keating, coauteure de cette analyse. Ce surdiagnostic conduirait beaucoup de femmes à se faire opérer pour des tumeurs ne présentant en fait pas de réel danger. « Je dis à mes patientes que la mammographie n’est pas un test parfait », explique le Dr Keating.

S’appuyant sur une analyse d’études internationales effectuées ces cinquante dernières années, les chercheurs estiment que dans un groupe de 10 000 femmes âgées de 40 à 50 ans subissant une mammographie annuelle pendant dix ans, environ 190 (1,9 %) seront diagnostiquées d’un cancer du sein. Or, il est impossible avec les techniques actuelles de savoir quelle tumeur restera bénigne ou nécessitera un traitement. Selon eux, 36 des 190 femmes de l’échantillon subiront inutilement une intervention chirurgicale, de la chimiothérapie et/ou de la radiothérapie.

Les rayons, booster de cancer ?

Des chercheurs de l’université de Cambridge ont étudié les effets de faibles doses de radiation sur les œsophages de souris. Les résultats, publiés en 2019, montrent que de faibles doses de radiation, équivalentes à trois examens scanner, donneraient un avantage aux cellules potentiellement cancéreuses sur les cellules saines. En effet, ces doses augmentent le nombre de cellules avec des mutations sur p53, une modification génétique connue pour être associée au cancer. Nous avons tous des cellules mutantes cancérigènes dans les tissus sains, y compris celles présentant des mutations du gène p53, dont le nombre augmente avec l’âge, mais très peu d’entre elles finissent par former un cancer. Les chercheurs recommandent donc que ce risque soit pris en compte dans l’évaluation de la sécurité des rayonnements.

Bien qu’on puisse nous laisser penser le contraire, il n’y a pas de consensus scientifique sur le sujet des examens à rayonnement non plus. Médecins et patients sont très mal informés sur les risques encourus.

 

Image principale par Hatice EROL de Pixabay 


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