Reforester nos territoires, une façon de cultiver la vie et de préparer l’avenir

1) Quel concept souhaites-tu créer ?

Mon idée est de m’inscrire dans la dynamique de reforestation actuelle, portée en France par des figures de l’écologie ou de la permaculture et des milliers d’anonymes ou presque, qui mettent les mains dans la terre. Pour en être, j’ai développé une méthode qui me correspond et une première action a été réalisée fin janvier 2021. Concrètement, nous avons semé plus de 2000 graines de 30 variétés locales d’arbres sur un espace de loisirs de 3000m2 chez des particuliers. Ceci densément pour imiter la forêt naturelle,mais en aménageant de grandes clairières pour les cultures, ainsi que des petites imaginées comme des espaces de fraîcheur l’été pour les loisirs et se détendre. Le semis comporte de nombreux avantages, mais aussi une part d’incertitude, c’est prévu dans le nombre de semences. Une partie des semis deviendra des arbres qui s’épanouiront dans une population diversifiée et ceci aura localement un effet sur les températures et l’humidité (entre -2 à -8°C en été jusqu’à 100m à la ronde, stockage de l’eau plus efficace). Le nouveau boisement sera aussi un refuge pour la biodiversité, entre autres qualités.
Malheureusement je suis limité à une action de cet ampleur par hiver du fait du temps nécessaire à la récolte des semences sauvages et du manque d’outils pour préparer et conserver non pas des milliers de graines, mais des centaines de milliers. Pour amplifier mon action, j’ai modifié mon activité professionnelle et je crée en ce moment un jardin botanique et une pépinière qui seront mes espaces de travail mais aussi des outils pour amplifier les actions de reforestation.

2) Quelle est l’originalité de ton initiative ?

L’originalité de ma méthode de reboisement tient en 4 points :
– Argumenter sur les qualités anti-sécheresse et anti-canicule des forêts pour court-circuiter les critiques des conservateurs.
– Planter densément et diversifié pour obtenir dès les premières années un couvert forestier qui évoluera en bonne santé.
– Semer directement en place pour limiter les coûts en temps et en argent.
– Ne pas viser les terres agricoles, mais les jardins des particuliers et les petits espaces en friche (ou même engazonnés) des collectivités.

3) A quel endroit, et pourquoi cet endroit ?

Autour de Cajarc, où j’habite, et dans un rayon qui englobe Figeac et Villefranche-de-Rouergue. Peut-être plus loin, qui sait ? J’ai passé on adolescence ici, je suis parti, je suis revenu. J’ai un lien d’affection avec ce territoire à cheval entre les départements du Lot et de l’Aveyron.

4) T’es tu inspiré de quelque chose qui existait déjà ?

Je m’inspire fortement des travaux du docteur Akira Miyawaki et ses forêts denses « anti-pollution », de ceux de Haidar El Ali et de ses semis de millions d’arbres, et des recherches de Juliette Chamagne qui a prouvé que dans les forêts européennes aussi, diversité rimait avec bonne santé.

5) Quand et comment l’idée t’est venue ?

J’ai entendu les appels à planter soi-même des arbres et forêts.  Face à la situation politique, j’ai voulu y participer. Ma méthode s’est affinée avec le temps, des recherches et l’observation.

6) Es-tu seul dans cette aventure ?

De nombreuses personnes me soutiennent et m’encouragent et veulent participer aux actions. Ça me porte et m’incite à aller plus loin. Le jardin botanique et la pépinière, je vais par contre y travailler seul.

7) Qu’as-tu déjà initié et expérimenté avant ce projet, et en quoi cela a-t-il mené à ton rêve d’aujourd’hui ?

J’ai notamment organisé plein de mini-événements militants et culturels dans des lieux alternatifs et monté six AMAP. J’organise aussi régulièrement des balades en milieu naturel à la rencontre des plantes comestibles. Aussi, mes démarches sur la qualité alimentaire et l’organisation populaire se retrouvent dans mon initiative : le jardin botanique a une vocation pédagogique, accueillera des événements culturels et est conçu pour en tirer une production alimentaire. Il sera une vitrine pour les actions de reforestation.

8) Si on veut faire la même chose que toi, comment peut-on faire ?

Pour les actions de reboisement c’est facile, parlez-en autour de vous. Il y a toujours un coin de pelouse que quelqu’un aux sensibilités écologiques en a marre de tondre. Ensuite, il faut ramasser des semences dans leurs fruits lors de ses promenades, les préparer, les stocker et les semer le moment venu. C’est du boulot pour avoir des centaines ou milliers de graines de dizaines d’essences différentes, mais rien de compliqué. Pour la pépinière et le jardin botanique, c’est lié à mon histoire et à comment je crois me faciliter la tâche à l’avenir pour les actions de reforestation. Je ne pourrais que conseiller les personnes qui veulent agir de concert à rejoindre la route en défrichant elles-même leur propre chemin.

9) Comment qualifierais-tu l’état de notre société actuelle ?

Pff ! Que dire… Je crois que d’une certaine manière le pouvoir nous stupéfie aussi parce qu’il maîtrise l’agenda, l’actualité. Pour ne pas que la morosité s’installe, nous devons porter l’espoir que l’action politique ambitieuse et concrète est encore faisable et que nous pouvons maîtriser notre propre agenda.

10) Penses-tu que ton initiative soit un remède à cet état ? Bénéfique et utile ?

J’espère montrer que de fait, l’action isolée et qui se prépare dans le présent est possible, enthousiasmante et utile. Semer des milliers d’arbres à partir de fruits sauvages, ça ne coûte que du temps. Et en cultivant la vie, on cultive l’espoir. On n’est pas obligé de planter des forêts. On peut juste semer en se baladant.

11) Fais-tu face à des difficultés ?

Trouver un terrain qui me corresponde pour le jardin botanique n’a pas été très facile. Il y a des freins à l’acquisition de terres agricoles et ça peut prendre du temps. Ça m’a pris 8 mois pour le trouver et 4 mois de plus pour l’acheter.

Pour récolter les semences sauvages, j’ai été à certaines périodes très occupé et j’ai raté le bon moment pour trouver certains fruits. A part ça en ce qui concerne l’ambition de reboisement, un boulevard est ouvert devant nous.

12) Comment peut-on t’aider pour mener à bien ce projet ?

J’anime en ce moment une campagne de financement participatif qui se finit le 15 février et dont voici le lien :

https://www.miimosa.com/fr/projects/un-jardin-botanique-et-une-pepiniere-pour-preparer-l-avenir

Me soutenir financièrement m’aiderait beaucoup à installer le jardin botanique et je pourrais alors passer plus de temps sur l’ambition de reforestation, et me servir du jardin et de la pépinière comme des outils pour cela. J’ai imaginé le jardin, la pépinière et les actions de reboisement pour se nourrir les uns les autres.

Diffuser l’idée, partager le lien de la collecte auprès de celles et ceux que vous pensez intéressés, ça m’aiderait aussi !

13) As-tu un ouvrage en particulier que tu nous conseillerais de lire ? Un film à regarder ?

Tellement ! Mais je me contenterai d’une vidéo Youtube, donc consultable gratuitement où Hervé Coves m’inspire l’espoir. C’est mon état d’esprit :

14) Une citation, une phrase qui t’inspire ?

Dans la vidéo en lien il y a une phrase que j’aime beaucoup : « Cultiver la vie, c’est cultiver la pluie ».

15) Une philosophie et/ou une spiritualité qui te donne de la force ?

Faire aussi soi même l’action politique, c’est faisable et souhaitable.

16) Tes liens ? Site / Page Facebook / Autres

La collecte :
https://www.miimosa.com/fr/projects/un-jardin-botanique-et-une-pepiniere-pour-preparer-l-avenir

Ma page FB :
https://www.facebook.com/La-Botanique-pour-Tous-102434128183137

Ce que je fais déjà :
www.botaniquepourtous.fr

👉 Pour voir Jean-Charles en pleine balade à la découverte des plantes comestibles, c’est ici :

Propos recueillis par Estelle Brattesani

 

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