Entretien

La communication animale, qu’est-ce que c’est ?

Marie ne se contente pas de vivre auprès de ses animaux dans la ferme parentale où gambadent chèvres, chiens, chat et lapin. Elle aime communiquer avec eux. Aujourd’hui, il s’agit même de son activité professionnelle.


Il y a près de deux ans que Marie pratique la communication animale. Si au départ, elle a participé à deux stages de formation, c’était pour tenter de mieux comprendre ses animaux de compagnie. Petit à petit, des personnes extérieures ont fait appel à elle afin qu’elle se connecte à distance et laisse venir les messages à transmettre et à recevoir.

Nexus : Marie, quelle activité exercez-vous ?

Je fais de la communication animale, à distance, avec n’importe quel animal. Il n’y a vraiment aucune limite en communication animale, on peut le faire avec des animaux domestiques ou sauvages. Ça ne se passe pas tout à fait de la même façon, mais c’est totalement possible.
Je fais ça depuis un an et demi à peu près.

Comment en êtes-vous venue à en faire votre activité professionnelle ?

J’ai commencé à me former en mars 2021. Je n’y suis pas allée pour me former d’un point de vue professionnel, j’y suis allée au départ dans l’optique d’apprendre ce que c’est, comment ça fonctionne et de pouvoir communiquer avec mon chat au quotidien. Au début, j’ai fait beaucoup de communication animale pour des amis, pour m’entraîner. Je leur demandais si je pouvais poser des questions à leur chat ou à leur chien. Elles étaient toutes simples : « Où est-ce que tu aimes dormir ? Quelle est ta nourriture préférée ? »
Ça m’a permis de vérifier avec leurs gardiens si les informations reçues par les animaux étaient justes.

J’ai pu progresser en confrontant au réel les informations reçues.

Petit à petit, j’ai commencé à faire des choses un peu plus précises, différentes. J’en parlais autour de moi : des amis d’amis ont commencé à me contacter. Puis je me suis retrouvée avec des gens que je ne connaissais absolument pas qui venaient vers moi, qui ont commencé à vouloir me rémunérer. Naturellement, en laissant faire les choses, j’ai fini par décider d’en faire mon travail et j’en suis très heureuse. Je ne pensais vraiment pas en arriver là.

Comment vous êtes-vous formée plus précisément ?

La formation a été offerte par mes parents à Noël. Ma mère a été initiée au reiki, elle avait entendu parler de la communication animale et avait fait un stage d’initiation avant moi. Comme ça m’intéressait aussi, mes parents m’ont offert la formation pour Noël.

Je me suis formée auprès de Madly Rayez, chez Animind, vers Poitiers. Le stage de base d’initiation s’est passé sur un weekend : on était un petit groupe. En plus de la partie théorique et de la méditation, on a fait des exercices avec les photos de nos propres animaux ou de ceux que Madly connaissait. On est repartis avec un livret.

Un peu plus tard, j’ai fait un deuxième stage, pour apprendre plus spécifiquement la communication animale avec les animaux décédés et aussi approfondir tout ce qui concerne les problèmes de santé.

Faut-il avoir un don, selon vous ?

Pour moi, on est tous capables de communiquer avec les animaux. C’est quelque chose qu’on a tous en nous.

Simplement, avec la fin de la petite enfance, ça se coupe. On arrête de le faire, on oublie qu’on sait faire ça, on n’a d’ailleurs généralement jamais conscience qu’on a été capable de le faire.

Même si j’ai toujours senti un lien super-fort avec les animaux, je ne peux pas dire que, quand j’étais petite, je comprenais ce qu’ils me disaient. C’était probablement le cas, mais je ne m’en souviens pas. Il s’agit juste de rouvrir cet instinct qu’on a de communiquer avec les animaux.

Pourquoi faire une communication animale ?

À partir du nom de l’animal et de celui de ses gardiens, de son âge et d’une photo, en état méditatif, on peut faire une communication pour récupérer les messages que nos animaux ont pour nous, ou nous-mêmes leur transmettre un message.

Il n’y a pas l’obligation d’avoir une raison spécifique pour faire une communication, nos animaux ont toujours quelque chose à nous dire, et leurs messages sont souvent pleins de sagesse.

Ils savent très bien nous cerner et ils sont souvent là pour nous guider et nous aider au quotidien, bien plus qu’on ne le pense. Et parfois, ils savent aussi nous remettre à notre place quand c’est nécessaire. Et je pense que c’est un vrai cadeau que d’offrir la possibilité à son animal de s’exprimer, à la fois pour lui et pour nous.

 

Cabane Reiki à la Chèvrerie du Poney Fringant


Dans quels cas concrets fait-on appel à vous ?

La communication animale, ça sert à plein de choses.

Ça peut être tout d’abord pour régler un problème de comportement et essayer de comprendre pourquoi un animal agit d’une certaine manière. Pourquoi est-ce que mon chien grogne après tout le monde, par exemple ? Pourquoi est-ce que tout à coup, mon cheval refuse de partir en balade ?. Pourquoi est-ce que mes chèvres passent tout le temps les clôtures ? On va alors tenter également de résoudre le problème ou au moins de l’améliorer.

Ça peut être aussi pour prévenir d’un changement, comme un déménagement, une séparation ou l’arrivée d’un nouveau membre dans la famille, que ce soit un bébé, un nouveau compagnon, ou un nouvel animal. C’est moi qui lui annonce. C’est fréquent que les gardiens aient déjà prévenu les animaux, mais ils veulent quand même faire une communication animale pour voir ce qu’on peut mettre en place pour que ça se passe au mieux.
Prenons l’exemple du déménagement qui demandera plusieurs heures de route : je peux par exemple expliquer à l’animal pourquoi ses gardiens déménagent et lui demander s’il a besoin de quelque chose en particulier avant, pendant et après le voyage.

Il y a des moments où l’animal n’a pas le choix (déménagement, décès, séparation de ses gardiens, arrivée d’un bébé), mais on peut parfois le consulter : est-ce que oui ou non il est d’accord pour accueillir un nouveau chat ou chien ?


On peut aussi prévenir l’animal qu’il va y avoir des soins médicaux
, comme une opération. « On va aller chez le vétérinaire. Ça va t’aider car le vétérinaire dit que tu as telle pathologie. Qu’est-ce qui pourrait t’aider à vivre au mieux la situation ? ». On peut aussi faire plusieurs séances avant un changement. Dans les deux cas, ça dépend toujours de l’animal, de comment il se sent par rapport à la situation, de ses besoins. Si c’est une opération qui n’est pas d’ordre vital, comme la castration, on peut lui demander s’il est d’accord avec cette décision.

Pour les animaux malades, on peut leur demander si leurs médicaments les soulagent, s’ils les supportent bien, s’ils ont besoin de quelque chose qui pourrait les aider. Je ne suis pas vétérinaire, je ne veux pas donner de conseil sur les médicaments en eux-mêmes, mais parfois nos animaux ont des envies qui pourraient les aider à se sentir mieux. Je pense que c’est important de savoir comment ils se sentent et comment ils vivent leur maladie. Parfois, de petits changements peuvent énormément aider.

Pour les animaux en fin de vie, on peut demander s’ils ont un message à faire passer à leur gardien. Ce qu’on demande aussi aux animaux qui vont bien, mais en fin de vie, c’est particulièrement important. On peut aussi leur demander s’ils ont envie de continuer à vivre ou si c’est trop dur. J’avais aidé mon oncle dont le chat était extrêmement malade. Il voulait l’euthanasier, mais c’était très très dur pour lui. J’ai fait une communication la veille de son rendez-vous chez le vétérinaire et le chat était prêt. Il souffrait, il ne voulait plus voir son maître pleurer parce qu’il le voyait dépérir, et ça a été une libération pour mon oncle et pour son chat. Un animal peut nous dire que quand il se passera telle chose, ce sera le moment : j’ai eu un chien qui m’a dit que le jour où il ne serait plus capable de se lever le matin, il serait bon que ses gardiens appellent le vétérinaire.

On peut aussi pratiquer la communication animale pour les animaux disparus. On peut voir avec l’animal s’il est vivant ou mort, s’il veut être retrouvé, s’il est parti de son plein gré ou non et ce qu’on peut faire pour l’aider à revenir s’il le souhaite. C’est très difficile, les animaux disparus, car ils sont souvent dans un état de stress important : les communications sont courtes, les informations ne sont pas très précises. Cela ne garantit pas que l’on puisse les retrouver, mais ça peut donner des pistes d’informations. Sur quatre chats disparus, trois ont été retrouvés. Je travaille souvent dans ce cas avec ma maman pour voir si on a les mêmes informations.

Je pratique aussi la communication avec les animaux décédés, quand c’est possible.

Est-ce que ça a changé votre lien avec vos animaux depuis que vous pratiquez la communication animale ?

Depuis, je suis devenue végétarienne. Je n’ai plus du tout envie de viande alors qu’avant, je trouvais ça bon. À la maison, on mange rarement de la viande, mais maintenant même l’odeur d’un steak haché me dégoûte.

Au quotidien, avec mes animaux, ça a changé aussi, même si, avant le stage, je pense que je communiquais avec eux sans même m’en rendre compte. Le lien avec eux s’est renforcé. Quand ils ont un comportement que je trouve bizarre ou qui me gêne, je communique avec eux.

Est-ce que ça marche à chaque fois ?

Ça n’est pas de la magie, la communication animale. Une fois que la communication sera faite, cela ne va pas forcément tout résoudre, mais cela permet souvent de comprendre ce qui se passe dans la tête de nos animaux. Ils ne font pas les choses pour rien, leur comportement a une origine, une raison.

Pour les animaux disparus, il peut arriver qu’une personne qui fait appel à plusieurs communicants animal obtienne des réponses différentes, notamment par rapport au fait que l’animal soit vivant ou mort. Cela peut être perturbant et créer de faux espoirs ou désespoirs.
C’est pour cette raison que j’aime travailler avec ma maman quand la situation n’est pas très claire : je lui communique le nom et la photo de l’animal, elle travaille de son côté, je travaille du mien, on compare les données et on peaufine ensemble. Ça ne nous empêche pas de nous tromper parfois, l’erreur est humaine, mais ça limite les échecs.

Je n’ai pas toujours de retour suite à une communication animale, mais quand je vois qu’on me rappelle plusieurs fois, je me dis que la personne qui me contacte est satisfaite.

Est-ce que tu as des exemples précis de communication qui ont donné lieu à du concret?

J’ai travaillé avec des chevaux et des poneys pour des personnes qui aiment récupérer les animaux meurtris par la vie. Notamment avec une jument d’une dizaine d’années qui n’était pas méchante mais qu’elles ne pouvaient pas approcher. En communiquant avec elle, je lui ai expliqué que ses nouveaux gardiens ne voulaient que son bien et qu’elle soit heureuse. Je lui ai demandé si elle aimait être poulinière ou pas comme ils l’attendaient d’elle au sein de leur élevage, et lui ai dit que si tel n’était pas le cas, ils ne la forceraient pas à l’être. Ce qu’ils pouvaient mettre en place pour l’aider, si elle avait un problème de santé en particulier ou pas.

Je me suis retrouvée face à une jument qui était brisée : elle avait été trimballée de pré en pré en tant que poulinière par des gens qui ne prenaient pas soin d’elle. Elle avait été séparée de ses petits sans comprendre et avait été chef de troupeau. Elle avait un lien fort avec lui, elle s’en occupait et, du jour au lendemain, on l’a mise dans un van et transportée ailleurs. Elle en avait juste marre des humains, avait perdu toute confiance en eux et ne voulait plus s’attacher à quiconque. Je lui ai expliqué qu’elle ne partirait pas de là où elle était, que c’était son dernier foyer, que ses nouveaux gardiens n’avaient aucunement l’intention de se séparer d’elle, quoi qu’il arrive, et qu’ils ne l’obligeraient à rien. Elle a eu beaucoup de mal à me croire, mais elle m’a répondu qu’elle allait essayer de faire à nouveau confiance et que, pour prouver leur bonne volonté, elle aimerait que ses gardiens lui donnent une pomme, fruit qu’elle adorait. Après la communication, ses gardiens lui en ont tendu une, ce qui a été un premier pas. La jument les a ensuite beaucoup observés, s’est rapprochée d’eux, puis est devenue maman et la chef du troupeau.

Aujourd’hui, ses gardiens peuvent l’approcher et s’occuper d’elle ainsi que de son poulain.

Est-ce que l’animal peut proposer lui-même une solution ?

Oui. J’ai l’exemple d’un chien qui grognait dès que des gens visitaient ses gardiens. Il m’a communiqué que quand quelqu’un venait leur rendre visite, ça serait bien qu’il soit prévenu, pour le rassurer.

Est-ce que vous demandez l’autorisation à l’animal avant de communiquer avec lui ?

Bien sûr, outre l’accord des gardiens, il faut celui de l’animal. Je peux essuyer un non si je ne suis pas la bonne personne pour l’animal. Parfois, il y en a qui préfèrent s’adresser à des hommes ou à des femmes uniquement, en fonction de leur expérience. Ça peut être aussi parce que ce n’est pas le bon moment pour l’animal, qui préférera s’exprimer plus tard. Ça peut être aussi parce qu’il ne veut pas évoquer certains sujets trop douloureux.

J’ai déjà eu des refus et, à ce moment-là, je ne fais pas payer la séance. J’ai l’exemple d’un chien dont la gardienne avait déjà fait appel à un communicant avant de me rencontrer, avec qui le chien avait refusé d’échanger. Mais ça n’était pas un non définitif. J’ai demandé à mon pendule à partir de quand il accepterait, et ça m’a donné un délai de 6 mois. Depuis, je lui demande régulièrement s’il est prêt à communiquer et j’attends son feu vert.


Qu’est-ce que vous conseilleriez aux gardiens qui voudraient communiquer directement avec leur animal ? Comment peuvent-ils faire sans suivre forcément de formation ?

Je sais qu’il existe des livres qui expliquent comment ça fonctionne et qui donnent de petites astuces. La technique est très simple en réalité. Quand on a un lien fort avec son animal, il faut faire confiance à notre intuition. Moi, je passe par la méditation, la visualisation d’images et l’écriture intuitive. On peut simplement prendre un temps calme, se concentrer sur son animal et essayer de capter les premiers mots, images, sensations. Chacun va ressentir les messages différemment. Après, quand il s’agit de nos propres animaux, ça peut être plus compliqué qu’avec des animaux qu’on ne connaît pas, car il y a la dimension affective et émotionnelle qui peut brouiller les pistes. Est-on prêt à entendre tout ce qu’ils ont à nous dire ?

De plus, on les connaît par cœur et c’est plus difficile de confronter au réel les réponses reçues pour savoir si elles sont justes. Si je lui demande quel est son endroit préféré pour dormir, je vais forcément avoir la réponse, car je le vois dormir tous les jours. Le doute peut planer.

Est-ce que vous pensez un jour pratiquer avec les humains ce que vous pratiquez avec les animaux ?

Non, je ne pense pas. Je sais qu’il y en a qui font des guidances mais, aujourd’hui, ça ne m’attire pas du tout. J’aime bien tirer des cartes pour moi et des amis de temps en temps, mais ça s’arrête là. J’ai un lien particulier avec les animaux depuis toujours : ils ne sont qu’amour et je trouve ça plus facile de communiquer avec eux, même si j’aime les humains. Après, on verra bien plus tard, je me laisse guider…


Pour contacter Marie, c’est au 07 81 81 50 28 
ou par email à mariea.delfau@gmail.com

 

Propos recueillis par Estelle Brattesani

 

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