Entretien

« Justice française : tout serait à reprendre ! » (Entretien avec Emmanuel Hussenet, auteur de « La Plainte »)

Et si les malheurs de notre temps avaient pour origine profonde notre rapport à l’institution judiciaire ? C’est la question que s’est posée Emmanuel Hussenet, suite à une convocation par le parquet qu’il a très mal vécue. Cette expérience qui n’a mené à aucune poursuite l’a poussé à s’interroger sur notre système judiciaire. Aujourd’hui, c’est La Plainte, un essai sur les failles et le sens de la justice, qu’il propose en accès libre. Pour lui, il est nécessaire de répondre aux tensions de notre temps non par l’économie, l’écologie ou la politique, mais par une redéfinition de la justice.

emmanuel hussenet portrait

Nexus : Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Emmanuel Hussenet : Au départ, je suis guide en milieu polaire et journaliste de l’environnement. J’ai aussi été éditeur et essayiste. Aujourd’hui, suite à une triste mésaventure, je m’intéresse en particulier à l’anthropologie judiciaire, dit autrement, aux facteurs humains qui conditionnent les décisions de justice et à leur impact sur la société.

Quand et pourquoi avez-vous décidé d’écrire La plainte et de lui dédier un site internet ?

Parce que j’ai pris conscience que l’état du pays ou du monde est moins la conséquence de politiques inappropriées ou même funestes, que d’une disparition d’un principe supérieur auquel se référer, principe supérieur incarné, en république, par le pouvoir judiciaire. Quand le magistrat se met à produire une justice selon ses propres intérêts, c’est la société tout entière qui perd sa colonne vertébrale. La justice, c’est le diapason du monde. Quand le diapason sonne faux, il ne faut pas s’attendre à autre chose qu’à ce qui nous arrive. La Plainte relate un incident qui m’est arrivé et à la suite duquel j’ai réfléchi en profondeur au rôle du magistrat dans le cadre d’une judiciarisation généralisée de la vie publique, entrepreneuriale et privée. Regarder de plus près la justice donne accès à une véritable clé de compréhension du monde, peut-être la plus importante. Je rêvais d’un livre qui fît enfin le point sur ce qu’est devenue la justice française. La question concerne chacun de nous à un degré beaucoup plus élevé que nous pouvons le penser. D’où le site internet, base d’une démarche que je souhaiterais fédératrice.

Pouvez-vous nous expliquer brièvement quel est le concept de cet ouvrage ?

Suite à la procédure d’avertissement dont j’ai été la cible de la part du parquet de Nanterre, et que je conteste vigoureusement tant dans le fond que dans la forme, j’ai compris qu’il était temps que ceux qui jugent soient enfin, à leur tour, un tant soit peu jugés. Je m’explique sous la forme de courriers que j’adresse à la procureure qui m’a inquiété. C’est un essai épistolaire qui mêle à la fois l’approche intime – c’est toujours l’intimité de l’être que vient frapper l’injustice –, synthèses et observations qui s’apparentent à de l’anthropologie juridique. Mes réflexions ne s’appliquent pas aux décisions ou non-décisions de justice, mais à la convergence des facteurs humains qui les conditionnent.

Pourquoi avoir choisi ce titre ?

Parce que le sujet est extrêmement vaste et qu’aucun titre ne peut le contenir. La plainte, dans ce travail, c’est la porte d’entrée, la brèche par laquelle se glisser. Et puis, de quoi se plaint-on ? De quoi l’État, au nom de l’intérêt public, se plaint-il ? Ne ferions-nous pas mieux de nous taire, et l’État de s’abstenir ? La plainte, c’est aussi la voix de l’animal blessé. Parce que c’est tout ce qu’il lui reste.

Avez-vous été accusé de quelque chose ? Si oui, de quoi ? Et avez-vous été poursuivi et condamné ? Si oui, à quoi ?

J’ai été mis en cause pour « appels téléphoniques malveillants ». Ce qui, pour le procureur, n’est « pas grand-chose », mais qui, pour moi, est insupportable, car les arguments utilisés pour justifier ce reproche touchent ce que j’ai de plus intime, à savoir mon écriture, et sont clairement diffamatoires. J’ai bien essayé de m’expliquer, montrant les preuves validées par la police que cette plainte était abusive, mais rien. Je me sentais comme un enfant à qui on fait la leçon. Je me trouvais pourtant bien dans le bureau du substitut du procureur du tribunal de grande instance de Nanterre. Bien sûr, non, je n’ai pas été condamné, je n’ai même pas été poursuivi, ce qui fait que je n’ai pas pu me défendre de ce qui reste, en l’état, une calomnie. Je me suis plaint auprès du Conseil supérieur de la magistrature, et j’ai demandé au parquet de me présenter des excuses. En vain, évidemment.

C’est alors que je me suis intéressé au cas particulier des procureurs, et à la procédure du « rappel à la loi » (aujourd’hui appelée « avertissement pénal probatoire », NDLR) qui n’est autre qu’une procédure d’intimidation judiciaire. Dans ce cadre, le procureur s’immisce dans la vie des gens sans avoir à se justifier sérieusement, et n’hésite pas à user de la diffamation pour arriver à ses fins, à savoir, faire peur. Sous prétexte que le dossier reste pour le moment sans suite, ce qui est présenté comme une faveur, vous n’avez aucun droit. Il faut lire pour comprendre, mais ce qui est en jeu, c’est aussi la relation entre les sexes. Le féminisme de délation fait également des ravages. Peu d’ouvrages ou d’articles de presse en témoignent.

Selon vous, pourquoi ce sentiment d’injustice a-t-il été si fort en vous ? Qu’est-ce que cela est venu réveiller ou éveiller ?

J’ai été touché à un endroit particulièrement sensible, mais je crois que cet endroit est sensible en chacun de nous. Rien n’est plus violent qu’une accusation pénale qui vise une personne dans l’amour qu’elle porte, dans le souffle matriciel qui lui permet de respirer. Le parquet peut user de procédés manipulatoires qui vont laisser des traces indélébiles. Accuser quelqu’un sans lui permettre de se défendre, sous prétexte que « ce n’est pas grand-chose », c’est ce qu’il y a de pire. Ce « pas grand-chose », dès lors qu’il est faux, peut vous tuer. Suite à cette expérience, mon militantisme écologique m’a brusquement semblé futile. J’ai compris que le véritable enjeu était plus profond, qu’il touchait, de l’échelle la plus intime à celle du monde entier, notre rapport au juste et à l’amour.

Est-ce que cette expérience a été le déclic pour une réflexion qui n’avait encore jamais eu lieu sur le système judiciaire français, ou est-elle venue confirmer et/ou compléter une opinion que vous aviez déjà ?

Oui, ce fut bien le « déclic ». On parle de « système judiciaire » parce qu’il s’agit effectivement d’un système, et un système est mal placé pour se remettre en question, et ici particulièrement étanche à ce qui ne vient pas de lui. C’est là où le bât blesse. L’institution judiciaire n’émane pas du peuple, elle n’est pas un organe vivant, mais une construction qui s’appuie exclusivement, depuis son apparition sous le règne de Philippe le Bel, sur la bourgeoisie. Les magistrats évoluent dans un système clos qui n’obéit qu’à ses propres représentations. Ils ne voient pas l’extérieur, ils ne vous voient pas en tant que citoyen doué d’une légitimité de parole. La responsabilité professionnelle des magistrats est quasiment nulle. Ne venant pas de ce monde-là, ce que je raconte dérange. Hélas, il n’y a en France que les juristes qui soient autorisés à disserter sur la justice.

La Plainte n’a-t-elle pour objectif « que » d’être lue ? Avez-vous d’autres objectifs pour ce projet ?

Je suis revenu sur ce texte pendant des années. Pour toujours gagner en précision, en étendue, sans entamer ce qu’il possède aussi de poétique. Je l’ai écrit comme s’il était appelé à devenir une référence, m’autorisant cette prétention parce que je ne m’attendais pas au succès. La justice a toujours une dimension eschatologique : en parler, c’est essayer de comprendre où va l’humanité, sur un plan symbolique, c’est chercher à la sauver.

charte de munich

Vous parlez de la nécessité pour vous « de la refonte de la justice française ». Parmi les changements à opérer, quel serait le plus important pour vous et pour quelle(s) raison(s) ?

Si nous voulions réellement vivre en démocratie, il existerait une modification très simple à effectuer. Des trois pouvoirs – exécutif, législatif, judiciaire –, le dernier ne convoque jamais le peuple. C’est une anomalie grave car elle place de facto la justice entre les mains de l’exécutif. Il ne s’agit pas d’élire les juges, certains pays le font mais ça n’apporte pas grand-chose, mais bien de désigner parmi les citoyens et par tirage au sort, comme on le fait pour les jurés, la moitié au moins des membres du Conseil supérieur de la magistrature. Il existera alors un moyen de contrôle effectif du peuple sur le travail de ses juges. Ce conseil élira un président qui deviendra automatiquement le garde des Sceaux, quel que soit le gouvernement en place. Nous ne pourrons plus alors douter de « l’indépendance de la justice ».

Est-ce qu’il y a au moins une bonne chose à préserver dans notre système judiciaire ? Si oui, laquelle ?

En principe, une justice, c’est une bonne chose. La justice française serait demeurée respectable si elle n’avait pas subi autant d’influences, en particulier depuis les années 1960 avec l’introduction du syndicalisme. Le problème, ce n’est pas le système judiciaire en tant que tel, surtout quand il intègre la défense et le contradictoire, ni même ses « dysfonctionnements ». Le problème, c’est que le système judiciaire est consubstantiellement dysfonctionnel. Et cela est moins dû à son manque de moyens, comme on l’entend souvent dire, qu’aux politiques qu’il applique et aux idéologies qui le traversent.

Vous dites avoir écrit 65 lettres à la procureure qui « vous a reproché d’avoir aimé ». De quelle façon vous a-t-elle reproché d’avoir aimé, selon vous ?

Il existe des gens qui, lorsqu’ils tombent amoureux, ne peuvent s’empêcher d’écrire. J’en fais malheureusement partie. L’écriture est une façon d’explorer un territoire méconnu, lumineux, exaltant et parfumé, mais aussi qui fait peur, car on se demande si ce pays est bien réel. Alors on cherche, au fond de soi à travers les mots, et l’on fait un monument du moindre indice que l’autre nous concède. Il n’y a pas plus intime, plus incertain, plus sacré qu’une lettre d’amour. Qu’un représentant de l’État utilise une telle « preuve » pour faire de vous l’auteur d’un délit est particulièrement violent. C’est Roxane, découvrant le pot aux roses, qui forme un paquet des lettres de Cyrano après avoir souligné les phrases qui ne lui conviennent pas, et le remet au procureur qui en fait son miel. Dernière scène, Cyrano se pend.

Vous a-t-elle répondu et si oui, quoi ?

Je ne lui ai envoyé que les premières auxquelles elle n’a pas répondu. Les procureurs sont là pour intimider, pas pour rendre des comptes. Aujourd’hui, depuis que « l’avertissement pénal probatoire » a remplacé le « rappel à la loi », l’action discrétionnaire du procureur, qui exclut tout moyen de défense, n’a même plus besoin de se justifier par le constat d’une infraction à la loi. En revanche, la cour d’appel m’a répondu, alors qu’elle n’était pas tenue de le faire puisque aucune procédure n’était engagée. Ce qui m’a fait beaucoup de bien, et confirme aussi qu’il existe de vraies divergences au sein de l’institution judiciaire.

Les choses avec la plaignante ont-elles pu se pacifier depuis ? Avez-vous pu échanger ?

Aucune nouvelle. Écrivaine, je constate qu’elle a cessé de publier. Elle serait malade. Je n’en sais pas plus.

Est-ce que cette expérience a brisé quelque chose à jamais en vous ? Quoi ?

Je ne donne pas à ces personnes le pouvoir de briser quoi que ce soit en moi. Toutefois, une certaine candeur vis-à-vis des institutions a pu être brisée, oui, remplacée par la conviction qu’il ne faut jamais rien céder de ce que l’on est. Avoir été amené, par un procédé illégal, à céder malgré moi de ce que je suis, cela, en revanche, me met en colère. Cette colère est l’énergie qui m’a permis de forger ma réponse. Individuellement, nous avons tous des faiblesses. Quand ces faiblesses sont celles de l’État, elles ont souvent des conséquences dramatiques. C’est pourquoi il ne faut surtout pas laisser l’État s’installer dans ses faiblesses.

Est-ce que cette expérience a allumé quelque chose de bon en vous ? Quoi ?

Cette expérience a réorienté mon aspiration à agir sur le monde. Je me suis distancié des causes environnementales, en particulier de l’aspect climatique, trop souvent ramené à des polémiques, et qui, il faut bien le reconnaître, nous dépasse. En revanche, ce qui concerne la justice est une affaire strictement humaine, et la responsabilité individuelle dans son exercice est incontestable. Ce qui me donne l’illusion qu’un résultat est moins inaccessible, mais je crois surtout que cette histoire a ravivé mon tropisme pour les causes perdues !…

Avez-vous envoyé cet écrit à des juristes ? Si oui, avez-vous eu des retours ?

Oui, mais c’est compliqué. Une ancienne magistrate avec qui je m’entretenais au téléphone a qualifié mes exposés de « brillantissimes », mais a disparu ensuite. Même chose avec une magistrate qui travaille au Palais de Justice. Pour les juristes, je dois être une sorte d’extraterrestre. Je comprends aussi que certaines de mes pages, très critiques, ne sont pour eux pas toujours agréables à lire. Peut-être ont-ils oublié que la justice est une notion beaucoup plus vaste que les dossiers qu’ils ont l’habitude de traiter. C’est dommage, mais je ne fais que commencer !

Combien de temps avez-vous mis à écrire ce livre ?

Trois ans. Mais c’est un texte qui s’est beaucoup affiné et enrichi au fil du temps, si bien que j’y suis revenu pendant plusieurs années encore.

Pourquoi avez-vous décidé de le mettre en accès libre sur Internet ?

Parce que je n’ai rien à vendre. Pour moi, ces courriers constituent une véritable nourriture ; je m’imagine que nous avons tous faim, une faim d’âme. Je serais ravi que ces pages fassent du bien du seul fait qu’elles soient vraies.

Qu’est-ce que la période Covid a révélé ou confirmé sur le système judiciaire français, selon vous ?

Ah ! Si seulement le Covid avait révélé autre chose que ce qu’on pouvait déjà constater ! Cessons de croire que la justice est au service du citoyen. Hormis la gestion des crimes, délits et litiges, elle est au service du pouvoir. Exclusivement. Les cas où un citoyen violenté par la politique de restriction sanitaire a eu gain de cause auprès d’un tribunal peuvent se compter sur les doigts d’une main. Quelques rappels historiques, dans les courriers, montrent une justice qui s’est toujours rangée du côté du plus fort. Aucun totalitarisme ne pourrait s’installer sans le concours du magistrat. Une collusion qui mène au pire, et dont il faut comprendre les racines si nous voulons nous prémunir des résurgences intempestives du besoin de toute-puissance de l’État.

Avez-vous l’impression que les gens de manière générale ont trop facilement recours à la justice plutôt qu’essayer de régler les problèmes et conflits ensemble ? En d’autres termes, de déléguer à quelqu’un d’extérieur et d’impersonnel leur pouvoir personnel et leur sens des responsabilités ?

Il y a une véritable infantilisation du rapport entre l’individu et l’institution judiciaire. Ni l’un ni l’autre ne semblent vouloir agir en qualité d’adulte responsable. Une explication ferme entre deux personnes est souvent préférable à la mobilisation des moyens de l’État, qui a autre chose à faire, mais semble jouir de s’attarder sur les affaires privées, comme si intervenir dans la vie des personnes lui assurait les succès qu’il n’a plus sur le terrain du crime organisé ou de la délinquance.

Le problème est double. D’un côté, l’individualisme exacerbé, qui est en quelque sorte notre morale moderne, pousse effectivement à accuser les autres plus qu’à rechercher des solutions en soi. On constate que la personne qui se tourne vers la force publique pour régler ses comptes n’est jamais invitée à réfléchir à ce qu’elle fait, pas plus qu’elle ne sera poursuivie pour « dénonciation calomnieuse ». D’un autre côté, l’institution judiciaire, en se faisant appeler « justice », donne l’illusion qu’elle est le recours suprême à toute difficulté.

Il ne devrait pas plus y avoir un « ministère de la Justice » qu’il n’existe de ministère de la Vérité, de l’Amour ou de l’Infini. Parler de « ministère de l’Application des lois » serait plus honnête, mais on ne cherche pas à être honnête, ni même à appliquer la loi. On cherche à dominer, quoi qu’il arrive. Cette administration occupe de plus en plus l’espace moral jadis réservé à l’Église qui, elle, accueillait et pardonnait. La justice se fonde invariablement sur l’accusation, et avec la judiciarisation généralisée de la société, elle installe un climat de menace sans qu’il y ait pour autant décisions de justice. Les rapports humains n’en sont que plus distants, chacun devant se méfier de tout le monde, et la société devient plus dure. Pendant ce temps, le magistrat échappe à toute responsabilité, au même titre que le plaignant dont il accueille sans discernement les lamentations. Dans le fond, le système judiciaire n’améliore rien, ne règle rien, il vit simplement de la misère humaine.

À votre avis, à quoi cela est-il dû ? Sommes-nous suffisamment « éduqués » dès le plus jeune âge à la recherche de notre moi profond, à l’empathie, à la recherche de coopération malgré les différences, à la communication bienveillante et à la gestion des conflits ? Peut-être en d’autres termes plus brefs à l’ouverture du cœur qui mène à une meilleure compréhension et acceptation de soi et des autres ?

Cette éducation n’existe simplement pas, ou très peu, même si on la voit apparaître ici et là, sur des initiatives associatives, en milieu scolaire. Le harcèlement à l’école est l’une des conséquences de ces carences éducatives, qui devraient être au départ de la responsabilité des parents. Plus tard, parce qu’on va chercher à faire entrer les adolescents dans des moules, qu’on attendra d’eux de la performance et qu’on les confortera dans leur ego, on ne fera que perpétuer les mêmes erreurs. Tout cela est bien connu, mais dans la réalité, les décisions de justice et le positionnement idéologique des médias l’attestent, on est loin de reconnaître l’autre pour ce qu’il est. On a toujours recours au jugement binaire, à la caricature. Résultat, les injustices prolifèrent et la guerre revient. Ce que je retiens, c’est le rôle singulier qu’a pris la justice dans les démocraties modernes. Pour moi, de par ses décisions ou ses non-décisions, elle porte une lourde responsabilité dans ce que nous déplorons.

Voulez-vous ajouter quelque chose ?

Je pense qu’en nous focalisant sur les questions politiques et sociales, nous passons à côté du plus important. Le jardin à cultiver, c’est notre liberté intérieure. Au-delà de ce qui nous divise, des opinions prémâchées des partis politiques, il existe ce qui pourrait nous unir : l’exigence de justice. Je parle ici de justice telle qu’elle est rendue dans les tribunaux. La magistrature d’aujourd’hui illustre pour moi ce que le philosophe Julien Benda appelait « la trahison des clercs ». Tant que le citoyen n’exercera pas un minimum de contrôle sur la justice – « sa » justice, comme disent les magistrats ! –, il continuera de perdre une à une ses libertés, et jusqu’à sa raison de vivre. À travers La Plainte, j’aimerais encourager les journalistes, les élus, les citoyens, à ne plus abandonner la justice aux seules mains d’une corporation, d’un syndicat ou d’un gouvernement. L’esprit de justice prend racine dans le substrat intérieur. Il est démocratique par essence et appartient à tous.

J’ajoute qu’il ne faut plus regarder la justice comme une fonction du pouvoir. La justice n’est pas un bras, elle n’est pas un poing, mais le dessein suprême de toute société. J’aimerais que nous soyons nombreux à le rappeler à qui de droit.

Propos recueillis par Estelle Brattesani

⇒ Découvrir et lire La Plainte : https://laplainte.fr/

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