Sandrine, ex-Gilet jaune : « Jamais je n’abdiquerai mes droits fondamentaux » (Entretien vidéo)

Sandrine Martineau, Gilet jaune de la première heure, manifestait chaque samedi. Condamnée à huit mois de prison avec sursis pour destruction d’une antenne TDF, elle « referait pareil » s’il le fallait. Sandrine faisait partie des manifestants qui, le 1er décembre 2018, se sont trouvés encerclés dans l’Arc de Triomphe. « Pour ma famille, ça a été dur, ils avaient peur tous les samedis. IIs savaient pas si j’allais rentrer ou pas. » Un entretien émouvant de 37 minutes réalisé par Armel Joubert des Ouches, journaliste reporter au magazine Nexus.

◆ Voir pour croire

Sandrine Martineau dit avoir été choquée par les images diffusées en boucle à la télévision ; tabassages, nassages, la police ne lésine pas sur les moyens utilisés pour tenter de contenir les dizaines de milliers de manifestants à travers tout le pays. Pour cette raison, ce 1er décembre 2018, voulant se rendre compte par elle-même des violences qui se multiplient, elle décide de monter à Paris avec une amie. « En fait, ils m’ont brisée ce jour-là. C’est-à-dire que j’ai découvert la violence tant de mes concitoyens que de l’État. J’ai été confrontée à des situations auxquelles je ne m’attendais pas. »

« Vous savez ce que c’est que d’avoir peur pour sa vie ? J’attends plus rien ! J’ai juste cette rage qui me consume, cette révolte qui me consume. »

◆ Retour sur les événements de l’Arc de Triomphe

Sandrine Martineau, le 1er décembre 2018, se trouve sur la place de l’Étoile, encerclée par les forces de l’ordre. La tension est à son comble. Jets de projectiles, de pavés, de gaz lacrymogènes. L’ambiance est à la fois confuse et violente. Si ce jour reste dans les mémoires, c’est parce que d’importantes dégradations sont commises dans l’enceinte même de l’Arc de Triomphe. Sandrine est au beau milieu des incidents, mais se défend de toute violence personnelle.

« Je suis là, je manifeste pacifiquement, je veux me sortir d’un endroit où je suis potentiellement en danger, et les types, ils me tiennent en joue ! On est quatre dont trois femmes et, pour passer, on est obligés de passer en levant les bras, en disant “vous inquiétez pas, on va rien vous faire” ? »

◆ « La volonté était de nous rendre fous »

« J’ai pu voir de mes yeux tout ce que les gens racontaient […] les politiques de passage, de tabassage, la volonté, c’était de nous rendre fous ! Ils voulaient que ça vrille ! Ils voulaient faire disjoncter les gens ! Ça pétait mais je vous dis pas les boulevards haussmanniens ! Je sais pas comment les vitres elles ont tenu ! C’était une horreur, on se serait crus dans une zone de guerre ! Les éclats de GLI-F4 dans les jambes ! Je l’ai vécu, je l’ai vu ! »

◆ De l’Arc de Triomphe… à l’incendie d’une antenne TDF

Les semaines passent. Ulcérée par les violences policières faites à l’encontre de la population, elle décide de passer à l’action. Le 24 août 2019, avec 9 autres personnes, Sandrine Martineau met le feu à une antenne TDF. Pourquoi une antenne ? parce que la communication – le traçage de la population par les ondes, la numérisation de la société – représente, pour elle, le symbole de l’oppression de l’État contre son peuple. L’antenne prise pour cible installée à Bourg-Saint-Andéol, non loin de Bollène, brûle en quelques minutes. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont aussitôt privées de téléphone et de télévision. À l’issue du procès qui s’est tenu au mois de juin 2023, 10 personnes ont été condamnées à huit mois de prison avec sursis et à verser la somme globale de 169 000 euros de dommages et intérêts à TDF.

👉Voir l’entretien avec Sandrine Martineau :

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