Crise des abeilles, crise d’humanité
Le déclin de l’abeille sociale, sacrée meilleure écologiste en raison de sa propension à la prospérité de la nature, exerce une angoissante fascination. D’autant plus que l’économie, elle, joue contre la nature. Mais a-t-on seulement commencé à comprendre pourquoi elles « disparaissent » et ce que cela signifie sur notre manière d’être au monde ? […]
Le déclin de l’abeille sociale, sacrée meilleure écologiste en raison de sa propension à la prospérité de la nature, exerce une angoissante fascination. D’autant plus que l’économie, elle, joue contre la nature. Mais a-t-on seulement commencé à comprendre pourquoi elles « disparaissent » et ce que cela signifie sur notre manière d’être au monde ?
« Géopolitique mondiale du miel », « Combat pour le repeuplement des abeilles en France », « Construire et conduire des fermes apicoles de grande taille, de 500 à 800 ruches, capables de maîtriser l’élevage, la production de miel et de créer des emplois », « métier de haute technicité et de quasi-vétérinaire à plein temps »… Ces extraits du discours volontariste d’inauguration de l’École des hautes études en apiculture (EHEA) prononcé en janvier par son fondateur et président, l’ancien ministre de l’Économie Arnaud Montebourg, reflètent l’état d’esprit de l’apiculture obnubilée par le haut rendement. Au terme d’une dizaine de promotions annuelles de ces nouveaux apiculteurs entrepreneurs, l’ex-aspirant à la présidence de la République espère entre 70 000 et 100 000 ruches modernes et en bonne santé, dont les débouchés seront assurés par sa start-up apicole Bleu Blanc Ruche, de raison sociale « l’élevage et le repeuplement des abeilles de France ». Il s’agit donc bien de géopolitique, mondialisation-démondialisation, soutenue par le symbolisme ancestral fort de l’abeille productive.
◆ Être une abeille, sujet ignoré
Mais dites donc, a-t-on demandé aux abeilles ce qu’elles en pensent ? Ces propos velléitaires représentatifs de notre époque omettent ces questions : quelle est la nature essentielle d’une abeille sociale? Quelles sont les conditions à la source qui leur permettent de jouer leur rôle d’écologiste de la nature ? Au fond, le miel, c’est quoi ? Notons, de même, l’absence de tentative de compréhension de la raison générale de leur tendance à disparaître. Non, on ne se met aucunement dans la peau des abeilles, on souligne étroitement que les miels d’importation sont très souvent frelatés et on assène avec assurance qu’il manque plusieurs millions de colonies en Europe pour assurer nos besoins de production agricole. D’une manière générale, dans le monde apicole, des sciences et de l’économie, on ne se demande pas si cette apiculture standard de reines élevées et inséminées artificiellement en vue d’obtenir les rendements maximaux et de résister à toutes les attaques extérieures n’est pas, à la longue, responsable du syndrome d’effondrement, de la mortalité et des disparitions de colonies – trois aspects du même sujet.
Lire notre article complet en accès libre ici :
« Crise des abeilles, crise d’humanité »
(Nexus n°124 septembre-octobre 2019)
☞ Pour lire Nexus : rendez-vous en kiosque ou cliquez ici.
✰ Une revue bimestrielle 100 % indépendante et sans pubs ! ✰