EDF empoisonne les Français à bas prix : 3000 € la pollution au tritium de la nappe phréatique !
Alors que le réacteur n°1 de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) fêtait ses 40 ans le 31 mai, l’état de santé des 58 centrales qui composent le parc nucléaire français interroge. D’autant plus alors qu’EDF, l’exploitant des centrales en France, entend prolonger de 10 à 20 ans la durée de vie de ces réacteurs. […]
Alors que le réacteur n°1 de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) fêtait ses 40 ans le 31 mai, l’état de santé des 58 centrales qui composent le parc nucléaire français interroge. D’autant plus alors qu’EDF, l’exploitant des centrales en France, entend prolonger de 10 à 20 ans la durée de vie de ces réacteurs. De nombreuses défaillances sont pourtant mises au jour par différentes associations.
Le 22 mai dernier, quatre associations du réseau Sortir du nucléaire attendaient le verdict de leur plainte déposée contre EDF après les incidents survenus à la centrale de Bugey (Ain). En 2017, une « concentration anormale de tritium » (670 Becquerels par litre) dans un tube de la centrale permettant l’accès à la nappe phréatique avait été constatée. Très volatile, cette substance radioactive est susceptible de provoquer des dommages à l’ADN. Des pics de concentration plus importants (jusqu’à 1 600 Bq/l) avaient été détectés les jours suivants et à d’autres endroits du site, laissant « présager le déversement dans l’environnement d’autres radioéléments et probablement des produits chimiques ». Selon un rapport d’inspection rédigé par l’Autorité de sûreté nucléaire, ASN, (le gendarme du nucléaire français), cette pollution était la conséquence d’une inquiétante chaîne de dysfonctionnements : défaut de surveillance, dispositifs ne permettant pas la détection automatique des fuites, absence de réaction rapide, entretien insuffisant du matériel… En particulier, deux pompes n’avaient pas fonctionné (l’une d’elles étant défaillante depuis plus d’un an et demi !) et un clapet était resté bloqué en position ouverte. Ce dernier n’avait pas fait l’objet de maintenance depuis… 1992 ! L’ASN avait alors dressé un procès-verbal et le parquet de Bourg-en-Bresse avait engagé des poursuites pour deux infractions « d’exploitation d’une installation nucléaire sans respect des prescriptions de l’autorité de sûreté nucléaire », du 11 au 29 décembre 2017.
◆Une mascarade de verdict
Le verdict est tombé. Et les militants sont repartis avec un goût amer en bouche. En effet, le tribunal a condamné EDF à payer deux amendes de 1 500 € pour chacune des infractions constatées. 3 000 € la pollution au tritium… Un jugement complètement dérisoire au vu de la défaillance de l’entreprise et des risques sanitaires encourus. « Cette condamnation montre encore que cette centrale nucléaire, même si ce n’est pas Tchernobyl, a un sérieux problème de maintenance » a réagi Jean-Pierre Collet, de Sortir du nucléaire Bugey (SDN Bugey). « Cette infraction était déjà à l’époque la troisième en six ans. Mais, depuis, il y en a eu une quatrième en janvier 2020. Et malgré toutes les condamnations, EDF recommence. » Avec de telles parodies de condamnation, rien d’étonnant. Surtout, la France, si fière de son joyau technologique, n’est pas prête à abandonner son arsenal nucléaire. En effet, avec 58 réacteurs en activité, la France est le pays le plus nucléarisé au monde. Tous les signaux sont au rouge : outre les enceintes en béton qui connaissent des problèmes d’étanchéité comme cela s’est passé à Bugey, les effets du vieillissement pourraient être d’autant plus graves sur des équipements présentant de tels défauts. Ainsi, les cuves de dix réacteurs comportent des fissures depuis leur conception (celle de Tricastin 1 en compte une vingtaine !). Et en 2016, une affaire massive de dissimulation de la non-conformité de certaines pièces a été dévoilée. À ce jour, 1 775 « anomalies » ont été recensées sur 42 réacteurs, et certains d’entre eux, comme celui de Bugey 3, en comptabilisent jusqu’à 113 ! Combien de temps encore avant un Tchernobyl français ?
Sylvain Bastian
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