C’est grâce aux associations Savoirs et All Terre Natif qui facilitent le partage transmission de connaissances entre particuliers que Sandrine a acquis ce savoir-faire. Quelques années plus tard, au sein d’un bar associatif creusois, le Kilukru, c’était à son tour d’organiser un atelier participatif et de partager sa recette et sa technique dont vous allez pouvoir profiter à travers cet article.

◆ Revenir à l’essentiel

« On m’a montré plusieurs techniques que j’ai trouvées compliquées, où il fallait presque être un chimiste pour parvenir à un bon résultat. J’ai préféré revenir à une technique à froid la plus simple possible », nous explique paisiblement Sandrine.

Trois ingrédients, c’est ce qu’utilise Sandrine : de l’huile d’olive, de la soude caustique et de l’eau.

Pour les outils : une paire de gants en plastique, deux grands saladiers de préférence en verre ou en plastique résistant (si c’est en plastique, le saladier ne devra être consacré qu’à cette activité), un mixeur, une balance de cuisine, une maryse ou une grosse cuillère, une briques de jus de fruits en carton et des moules à gâteaux, du fil à couper le beurre, une paire de lunettes pour se protéger les yeux.

Et pour d’éventuels petits accidents dus à un contact du mélange avec la peau, du vinaigre blanc.

◆ Quelques recommandations

Au début de l’atelier, Sandrine nous met en garde : « Même si la soude caustique est un produit naturel que je préfère acheter mais que l’on peut aussi faire soi-même, elle est très corrosive. Je préconise donc de mettre des gants, des lunettes pour se protéger les yeux, un vêtement à manches longues et ne pas faire ça à côté des enfants. » En effet, au moment où la soude caustique entre en contact avec l’eau, il y a une réaction chimique qui peut provoquer quelques éclaboussures et la soude peut monter jusqu’à plus de 100 degrés. D’ailleurs, précisons qu’au moment du mélange, il faut que la soude caustique soit versée APRÈS L’EAU dans le saladier, pour éviter de grosses éclaboussures et leur dangerosité.

En plus des ingrédients précités, certains utilisent des huiles essentielles, mais Sandrine préfère les éviter : « Les huiles essentielles ne sont pas hydrosolubles, c’est-à-dire qu’elles ne se diluent pas dans l’eau. Après leur passage dans les canalisations d’eau, on peut les retrouver intactes dans la nature, ce qui, contrairement à ce qu’on pourrait penser, peut être une source de pollution pour l’environnement. En plus, je trouve qu’au bout de 3 ou 4 mois de séchage, leur odeur disparaît. »

Pour le mixeur, Sandrine recommande de n’en avoir qu’un seul dédié au savon, car des débris de soude hautement toxique peuvent rester coincés dans des endroits inaccessibles et pourraient être ingérés par mégarde dans votre plat si vous l’utilisiez ensuite pour la cuisine. « J’achète les miens d’occasion en ressourcerie ou chez Emmaüs, car les mixeurs n’ont pas une longue durée de vie au contact régulier de ce produit », souligne Sandrine.

Idem pour tout ce qui est matériel à base de plastique comme le silicone : ne plus les utiliser pour autre chose, car le silicone absorbe une partie de la soude.

Quant aux saladiers, favorisez ceux en verre, en inox ou en plastique résistant, la soude étant corrosive.

Attention, concernant les quantités, Sandrine nous a communiqué le poids des ingrédients en grammes et en kilos, pas en litres et en décilitres. Si un kilo d’eau correspond à 1 litre d’eau, 1 kilo d’huile d’olive ne correspond pas à un litre d’huile d’olive ! Respectez donc bien la recette à l’aide de votre balance et pas avec un verre doseur, à moins de convertir au préalable les kilos en litres de manière pointilleuse.

Si la soude caustique atteignait par mégarde votre peau, versez à l’endroit du contact du vinaigre blanc. En cas de projection dans les yeux ou d’ingestion, appelez les urgences.

◆ Passons au concret

La recette pour 1,5 kg de savon surgras à 7 %, qui ne dessèche pas la peau :

– 330 g d’eau

– 1 kg d’huile d’olive

– 124 g de soude caustique

Versez dans un saladier le kilo d’huile d’olive.

Dans un autre saladier, équipé de gants et de lunettes, de préférence en extérieur, versez EN PREMIER l’eau, puis la soude caustique, pas l’inverse. Si vous le faites en intérieur, ouvrez les fenêtres pour aérer et mettez un masque pour éviter les effluves toxiques.

Nous rappelons que cet ordre est très important pour garantir la sécurité de la manipulation au moment de cette réaction chimique qu’on appelle la saponification. Attention, la température de la mixture et du plat peut monter jusqu’à 100 degrés, le plat va chauffer puis refroidir. Prévoyez donc de poser le saladier à un endroit qui supporte la chaleur et inaccessible aux enfants et aux animaux.

Une fois revenu à température ambiante au bout de 30 minutes environ (la chaleur du plat vous l’indiquera), versez l’émulsion soude caustique/eau dans l’huile d’olive qui doit être à peu près à la même température que la mixture. Puis mixez pendant au moins 10 minutes, le temps que le mélange devienne onctueux comme une mayonnaise, toujours avec vos gants et vos lunettes, en appuyant bien le mixeur au fond du saladier pour éviter les éclaboussures.

À ce moment-là, avant de le verser délicatement dans les moules à gâteaux et la brique de jus d’orange prédécoupée sur le haut, il est possible d’ajouter des compléments de votre choix à hauteur de 30 g environ (argile blanche, plantes séchées, etc.), puis de mixer à nouveau.

Déposez à l’aide d’une maryse ou d’une cuillère le mélange dans vos divers moules et votre brique en carton. Laissez sécher hors de portée des enfants qui pourraient prendre ces savons en formation pour des pâtisseries.

◆ Repos et démoulage

Une fois que le mélange est dans les moules et la brique en carton, on peut l’y laisser durcir et sécher au moins 24 h avant de le démouler, muni de nos gants. Pour le rectangle de savon contenu dans la brique, vous pourrez le découper en plusieurs morceaux à l’aide du fil à couper le beurre. (À acheter ou à confectionner aussi soi-même avec deux bouts de bois et du fil de fer.)

On attendra ensuite au moins un mois et demi avant de les utiliser. « Je préfère attendre au moins 3 ou 4 mois, car plus le savon est sec, moins il se dissout rapidement au contact de l’eau et plus il dure. J’en ai qui ont deux ans et ils sont d’une très bonne tenue », précise Sandrine.

Pour les personnes désireuses de réaliser des savons à la composition plus complexe et de savoir quel dosage utiliser pour chaque ingrédient, Sandrine nous conseille d’utiliser le site Soap Calc, que vous pouvez trouver en français ici.

Avec cette recette, Sandrine non seulement satisfait ses propres besoins en savons, mais en offre également une partie, cadeau utile qui fait toujours plaisir. « Et au moins, on sait exactement ce qu’on utilise et ce qu’on applique sur sa peau », conclut Sandrine.

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