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En 2018, un groupe de scientifiques chinois et américains prévoyait de créer de nouveaux coronavirus

Selon le Telegraph du 5 octobre dernier, des scientifiques de Wuhan et des États-Unis proposaient, plus d’un an avant l’arrivée de la pandémie de Covid, de « créer de nouveaux coronavirus, qui n’existaient pas à l’état naturel, en combinant les codes génétiques d’autres virus ». Une demande de subvention pour ces recherches leur a été refusée.

 

◆ Une piste sur l’origine du SARS-CoV-2 

D’après nos confrères du Telegraph, ce projet a été révélé, le mois dernier (septembre 2021), après la fuite de « documents relatifs à une demande de subvention soumise à l’agence américaine Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) ». La révélation proviendrait d’ « un expert en génétique travaillant avec l’Organisation mondiale de la santé » (OMS). Selon celui-ci, qui a « demandé à rester anonyme par crainte de représailles », « si le SARS-CoV-2 a été produit de cette manière, cela expliquerait pourquoi un proche équivalent n’a jamais été trouvé dans la nature ».

On n’a pas trouvé, en effet, de virus naturel plus proche du SARS-CoV-2 que le dénommé BANAL-52 (pour bat, chauve-souris en anglais, et anal, car il a été identifié à partir de prélèvements anaux sur des chauve-souris). BANAL-52 a été signalé par l’Institut Pasteur le mois dernier, après avoir été découvert durant la dernière partie de l’année 2020. Ce virus partage 96,8 % du génome de SARS-CoV-2. Insuffisant pour en faire son ancêtre direct, le seuil étant fixé à environ 99,98 % de correspondance entre les génomes.

 

La ville de Wuhan, en Chine (photo larcomar)

 

◆ Créer un nouveau coronavirus en vue d’un vaccin ?

L’objectif de ce groupe sino-américain était de prendre « diverses séquences de coronavirus similaires », « d’origine naturelle », et de créer à partir de là « une toute nouvelle séquence qui serait une moyenne de toutes les souches » des virus prélevés. La « source » du Telegraph à l’OMS précise : « Il s’agirait alors d’une nouvelle séquence virale, qui ne correspondrait pas à 100 % à quoi que ce soit d’autre. Ils synthétiseraient ensuite le génome viral à partir de la séquence informatique, créant ainsi un génome viral qui n’existe pas dans la nature mais qui semble naturel puisqu’il s’agit de la moyenne de virus naturels. Ensuite, ils mettent cet ARN dans une cellule et récupèrent le virus à partir de celle-ci. Cela crée un virus non naturel, avec une nouvelle “colonne vertébrale” qui n’existe pas dans la nature mais très, très similaire à celle des virus naturels car c’est la moyenne de “squelettes” naturels. »

Selon ce même interlocuteur, il est « intéressant de noter qu’on ne peut générer une telle séquence moyenne qu’avec des virus qui ont au maximum 5 % de divergence génétique entre eux ». L’an dernier, des scientifiques de l’Institut de virologie de Wuhan ont déclaré avoir trouvé en 2013, dans des excréments de chauve-souris, dans une grotte de la province du Yunnan, une souche nommée RaTG13 correspondant, à hauteur de 96,1%, au SARS-CoV-2. Aussi la souche RaTG13 pourrait-elle « avoir été incluse dans un ensemble de génomes viraux pour aider à créer une séquence moyenne ».

Pour le Telegraph, « la construction d’un virus moyen “idéal” aurait été un bon point de départ en vue de la création d’un vaccin universel contre le coronavirus ».

◆ Le scénario de la fuite de laboratoire

Le collaborateur de l’OMS ajoute : « Si le SARS-CoV-2 provient d’une séquence consensuelle artificielle composée de génomes présentant entre eux une similarité de plus de 95 %, je pourrais prédire que nous ne trouverons jamais de véritable correspondance dans la nature et que nous n’aurons qu’une série de correspondances proches dans certaines parties de la séquence, ce qui est jusqu’à présent ce que nous voyons. Le problème est que ceux qui s’opposent au scénario d’une fuite de laboratoire diront toujours la même chose. Les scientifiques dans l’ensemble ont peur de discuter de la question des origines en raison de la situation politique. Cela laisse toute latitude à une petite et bruyante minorité de scientifiques partiaux, pour diffuser de la désinformation. »

Toujours selon le Telegraph, la base de données de Wuhan sur les souches virales relative à cette demande de subvention a été retirée du net et « il est donc impossible de vérifier sur quels virus l’équipe travaillait ou quels virus elle a créés ». Reste à chercher et à savoir si des recherches telles que celles-ci, même non subventionnées officiellement, ont tout de même pu avoir lieu…

◆ Peter Daszak, sulfureux sur tous les fronts

La demande de subvention pour la création d’un nouveau coronavirus dont fait état cet article a été avancée par le zoologiste britannique Peter Daszak au nom d’un consortium incluant : l’Alliance ÉcoSanté (EcoHealth Alliance) dont il est le président, l’Institut de virologie de Wuhan, l’Université de Caroline du Nord et l’Institut de recherche sur la santé à Singapour. Assez curieusement, Peter Daszak entrait dans la composition de l’équipe de l’OMS arrivée à Wuhan en janvier dernier pour enquêter sur l’origine du SARS-CoV-2. Et c’est lui aussi qui, dès le 19 février 2020, dans The Lancet, avec 26 autres signataires, condamnait comme théorie du complot toute hypothèse d’une origine non naturelle.

L’OMS a annoncé, mercredi 13 octobre, qu’elle relançait son enquête à ce sujet, avec une équipe remaniée, étendue à 26 membres (le double de l’équipe initiale). Peter Daszak n’en fait plus partie…

Lire notre article de mai 2021 sur l’origine du virus, en accès libre :

 

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