La BCE continue lentement la mise en place de son projet d’euro numérique, une monnaie destinée aux échanges numériques, pour les particuliers et les entreprises, qui complétera ou remplacera les pièces et les billets.

◆ Un euro à la pointe de la technologie

L’Eurosystème teste plusieurs approches et technologies permettant de fournir un euro numérique, y compris des solutions centralisées et décentralisées, comme la distributed ledger technology dont fait partie la blockchain. La BCE annonce que cet euro numérique pourrait également proposer « des fonctionnalités de pointe, dans le domaine des paiements automatisés ou à travers le recours à une forme d’identité numérique ».

◆ La fin du cash ?

Sur son site, la BCE explique que « l’euro numérique viendrait en complément des espèces (les billets et pièces), sans les remplacer ». Mais ce n’est pas ce que nous annonçait M. Darmanin, en mai 2022, lors d’une réunion publique. En effet, intervenant sur le sujet de la lutte contre le trafic de drogue en tant que ministre de l’Intérieur, celui-ci expliquait : « Vous savez, la bonne lutte contre la drogue […] ce sera la disparition de l’argent liquide. Puisque tout sera tracé électroniquement dans 10 ou 15 ans. »

◆ Une traçabilité sans faille ?

« L’Eurosystème n’a aucun intérêt à recueillir les données concernant les paiements des utilisateurs, à surveiller les comportements en matière de paiement ou à partager de telles données avec des agences gouvernementales ou d’autres institutions publiques », explique la BCE. Comment ne pas y voir l’intérêt, après des affaires comme celle d’Edward Snowden qui a révélé des dizaines de milliers de documents de la NSA décrivant le programme de surveillance massif de l’agence américaine ? Par ailleurs, la BCE explique qu’elle partagera avec des tiers les informations « nécessaires à la prévention des activités illégales ». Cette formulation ne laisse-t-elle pas place à l’interprétation ?

◆ Amazon, co-créateur de l’euro numérique

Le 16 septembre 2022, la BCE a dévoilé les cinq partenaires stratégiques qui auront la lourde tâche de proposer un premier prototype de l’euro numérique. La présence de la banque espagnole Caixa ou du groupe italien de paiements Nexi n’a rien de surprenant ; ce qui l’est en revanche, c’est la présence du géant américain Amazon. Au vu des enjeux, de souveraineté notamment, qu’entraîne la mise en place d’une monnaie numérique européenne, avec des données sensibles et potentiellement une identité numérique, on peut légitimement douter de la pertinence d’associer au projet un groupe américain tel qu’Amazon.

Image principale par Eugenio Cuppone de Pixabay

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