Des médias russes interdits dans toute l’Union européenne

Le lundi 16 mars 2020, le président Emmanuel Macron déclare la guerre à la Covid-19. S’en sont suivis une contradiction et un débat impossibles sur la politique sanitaire au risque d’être traité de complotiste. L’histoire continue-t-elle ?

◆ Un seul son de cloche

Le jeudi 24 février 2022, Vladimir Poutine a lancé une invasion de l’Ukraine, avec frappes aériennes et entrée de forces terrestres. La décision du président russe a déclenché un tollé dans la communauté internationale, qui a riposté, en premier lieu, par des sanctions économiques contre la Russie. L’Union européenne, à travers la voix de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a fait savoir également que « la machine médiatique du Kremlin » serait interdite. Ajoutant que « les médias d’État Russia Today et Sputnik, ainsi que leurs filiales, ne pourront plus diffuser leurs mensonges pour justifier la guerre de Poutine et pour semer la division dans notre Union ». Dès lors, comment les Européens peuvent-ils se faire leur propre avis sur la situation en Ukraine ? Doit-on prendre pour argent comptant les informations données par les médias mainstream et nos gouvernements ? La propagande ne se fait-elle vraiment que du côté russe ?

◆ Une impression de déjà-vu ?

Le 25 janvier 2022, lors d’une table ronde sur le traitement médiatique de la crise Covid-19, la directrice de la rédaction de BFM TV, Céline Pigalle, s’est exprimée ainsi : « Dans un moment où on vous dit qu’on est en guerre et où toute la notion de cohésion générale de la société, vous êtes rappelés au fait qu’il ne faut pas non plus trop troubler les gens. Et finalement, même si on a tenté au maximum de s’extraire de tout ça, pas trop aller à rebours de la parole officielle, puisque ce serait fragiliser un consensus social. Vous voyez, ce sont vraiment des circonstances très, très singulières. » Cela fait maintenant deux ans que nous sommes dans une situation « très singulière », et que les médias mainstream se font donc l’écho de la parole officielle, interdisant toute contradiction au risque de se faire traiter de complotistes.

◆ Interdit d’interdire

Mardi 22 février, l’ex-présentateur de France 3 Frédéric Taddeï a annoncé qu’il quittait la présentation d’Interdit d’interdire, son talk-show quotidien diffusé sur RT France, filiale de Russia Today. « Par loyauté envers la France, je ne peux pas continuer une émission de débat contradictoire à partir du moment où mon pays se retrouve en conflit ouvert avec la Russie », a-t-il expliqué au cours de l’interview. Il précise cependant que cette décision « n’est pas contre RT France », qui lui a toujours donné carte blanche. « Ils me laisseraient faire une émission sur la crise en Ukraine, je pourrais inviter qui je veux […] Mais quand on passe au tragique, et c’est là que l’Europe est aujourd’hui, des choses s’imposent à vous. »

Une pluralité de l’information est nécessaire. Sortir de la binarité d’un monde où il n’y a que des gentils d’un côté et des méchants de l’autre, également. La réalité de la guerre et les souffrances du peuple ukrainien ne doivent pas empêcher la réflexion. Au contraire, cela permettra peut-être de tracer une autre voie vers la paix et éviter de nouvelles catastrophes.

Image principale par Pixabay

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