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Clearview AI, le logiciel de surveillance de masse s’installe en Ukraine

Spécialisée dans la reconnaissance faciale, l’entreprise américaine Clearview AI offre gratuitement son logiciel à l’Ukraine et plus précisément au ministère de la Défense, afin d’identifier les morts et les espions russes. 

La firme oriente sa communication uniquement sur le côté positif de son système. Mais Clearview AI a fait l’objet de sanctions, principalement pour non-respect des données personnelles dans plusieurs pays.

Reconnaissance faciale, le coup de projecteur

En plein conflit russo-ukrainien, en proposant son aide à l’Ukraine, l’entreprise américaine a trouvé un excellent moyen pour promouvoir son logiciel de reconnaissance faciale. La technologie permet d’identifier par la forme du visage toute personne passant devant une caméra. Le ministère de la Défense ukrainien a ainsi accès à l’immense bibliothèque d’images de Clearview qui compte pas moins de 10 milliards de visuels, dont 2 milliards issus du service de médias sociaux russe VKontakte. Mais l’utilisation de la reconnaissance faciale, surtout en temps de guerre, fait craindre des usages abusifs.

Un cadeau empoisonné ?

Selon Albert Fox Cahn, directeur général du Surveillance Technology Oversight Project à New York, « nous allons voir une technologie bien intentionnée se retourner contre elle et nuire aux personnes qu’elle est censée aider. » En effet, le logiciel n’est pas encore fiable à 100 %. Il pourrait provoquer de faux positifs, entraînant potentiellement des arrestations injustifiées, ou des combats qui pourraient mener à la mort de civils. Et il ajoute : « Une fois que vous introduisez ces systèmes et les bases de données associées dans une zone de guerre, vous n’avez aucun contrôle sur la manière dont ils seront utilisés et détournés. »

Une entreprise controversée

L’entreprise Clearview AI, avait, également, su se placer lors de l’enquête sur « l’attaque du Capitole » par des électeurs de Donald Trump. La firme avait interpellé la CIA afin de proposer ses services pour identifier les personnes ayant participé à l’assaut. S’appuyant sur une énorme base de données, récoltées sur des sites tels que LinkedIn, Instagram, Twitter ou Facebook, Clearview AI pourrait permettre une véritable surveillance de masse. De plus, ces images sont récupérées sans le consentement de ceux qui y apparaissent, ni de celui des plates-formes concernées. Ainsi, Twitter, Google et Facebook ont, en février, mis en demeure l’entreprise de ne plus utiliser d’images puisées sur leurs réseaux. Clearview affirme que sa collecte de données est similaire au fonctionnement de la recherche Google. Pourtant, comme le rapporte Reuters, « plusieurs pays, dont le Royaume-Uni et l’Australie, ont jugé ses pratiques illégales ».

Le conflit en Ukraine aura permis à l’entreprise Clearview AI de promouvoir la reconnaissance faciale. Espérons que l’utilisation de ce genre de technologie ne se banalise pas, et ne s’étende pas à l’Europe. La reconnaissance faciale et ses dérives sont loin d’être de la science-fiction. Voulons-nous ressembler en tout point à la Chine ?

 

Image principale par geralt sur Pixabay

 

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