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JO 2024 et retour du pass : des Parisiens reçoivent un message d’alerte effrayant

Le lundi 13 mai au soir, un message d’alerte « extrêmement grave » en lien avec les JO de Paris a été envoyé à certains Parisiens sur leur smartphone, accompagné d’une sonnerie stridente et angoissante. Il s’agissait en réalité d’un SMS qui incitait les destinataires à s’inscrire sur une plateforme officielle pour obtenir leur Pass Jeux qui leur permettra de circuler dans certaines zones pendant les JO. Mais pourquoi diable instaurer d’ores et déjà une ambiance aussi dramatique ?

◆ Un message disproportionné

Lundi 13 mai à 20 heures, un « message d’alerte extrêmement grave » a été envoyé sur les téléphones des Parisiens se trouvant dans le périmètre de sécurité des Jeux olympiques via le dispositif FR-Alert En plus de cet inquiétant intitulé, une sonnerie angoissante a retenti. De quoi en effrayer plus d’un, comme cet homme qui a cru qu’on allait « se prendre une bombe atomique sur le coin de la gueule » et qui a filmé ce moment.

Ce message a même perturbé le déroulement des débats à l’Assemblée nationale pendant l’intervention du ministre Gérald Darmanin.

◆ Un test ou une information ?

Le Parisien rapporte que la préfecture de police a précisé que le périmètre concerné était la zone autour de la Seine et a évoqué un « test » avant les Jeux olympiques de Paris, le quatrième, puisque 3 autres tests avaient été réalisés auparavant dans les 13e, 15e et 17e arrondissements de Paris. D’après Le Figaro, le ministre de l’Intérieur aurait quant à lui parlé d’un « message d’information » et non d’un test, d’une « alerte envoyée dans les périmètres de sécurité et leurs abords pour informer largement de l’ouverture de la plateforme ». « À événement exceptionnel, dispositif exceptionnel. »

◆ Une « invitation » pour obtenir le QR code obligatoire

L’objet réel du message ? Inviter les destinataires à se rendre sur la nouvelle plateforme officielle du Pass Jeux afin d’obtenir un laissez-passer numérique (QR code), délivré par la préfecture de police pour accéder aux périmètres de sécurité lors de la cérémonie d’ouverture, autour des sites de compétitions et pour les épreuves de paracyclisme en Seine-Saint-Denis. Le SMS rappelait donc notamment aux résidents, salariés ou autres personnes concernés par le périmètre de sécurité de la cérémonie d’ouverture de s’enregistrer pour obtenir un QR code et avoir tout simplement le droit de… se déplacer, rentrer chez soi, se faire soigner ou travailler ! À titre d’exemple, comme le détaille le gouvernement, le Pass Jeux sera obligatoire le 26 juillet à partir de 13 h dans certains périmètres, « pour les riverains (piétons et cyclistes), excepté pour les spectateurs de la cérémonie munis d’un billet ou titre d’accès. La circulation motorisée sera interdite, sauf pour les forces de l’ordre ou urgences. »

◆ Des propos approximatifs qui n’inspirent pas confiance

Le 9 avril 2024, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, annonçait sur BFM TV que dans la zone antiterroriste, « qui va donc englober 20 000 habitants, des immeubles, mais aussi des musées, une gare, le long de la Seine entre le pont de Bercy et le Trocadéro, 7 jours avant la cérémonie », les riverains, ainsi que « les 200 000 personnes qui, l’été, rentrent, commercent, vont au restaurant, vivent leur vie professionnelle […] devront s’inscrire à partir du 10 mai sur un site internet » en y renseignant leurs coordonnées. « Il ne s’agit pas de scanner de pièce d’identité, ce sera très simple à faire », précise le ministre… Et pourtant, lorsqu’on regarde en détail le site Pass Jeux, une pièce d’identité est bel et bien demandée, ainsi qu’une série de justificatifs (domicile, travail, motif de la visite, d’hébergement temporaire ou de parking). De quoi se sentir en droit de douter de la véracité des autres propos du gouvernement se voulant « rassurants ».

◆ C’est quoi FR-Alert ?

Ce système d’alerte des populations opérationnel depuis juin 2022 « permet d’envoyer des notifications sur les téléphones portables des personnes présentes dans une zone confrontée à un danger », explique le site du ministère de l’Intérieur. Plusieurs informations peuvent être partagées, comme la nature et le lieu du danger, le comportement à adopter, ou de qui vient l’alerte.

Cette dernière peut être donnée à l’occasion de plusieurs événements, comme des catastrophes naturelles telles qu’une inondation ou une tempête. Des incidents biologiques, chimiques ou sanitaires, pour n’en citer que quelques-uns. Toujours selon Le Figaro, « les Jeux olympiques apparaissent donc comme un ovni dans cette liste, l’utilisation de cet outil pour l’événement sportif faisant polémique ».

 

◆ Vers une société d’autorisations ?

Si, comme l’indique Le Figaro, « le ministère de l’Intérieur n’a pas accès aux numéros de téléphone mobile ni à leur géolocalisation puisque cette technologie repose sur l’envoi de l’alerte via les antennes relais des opérateurs de téléphonie », si tant est que cela soit vrai, qu’en sera-t-il de celles laissées sur le site dédié au Pass Jeux ? Ne pas oublier que dernièrement, France Travail et Cap emploi se sont fait hacker.

On peut se demander également pourquoi le gouvernement a envoyé un message d’alerte grave si ça n’était qu’un message informatif. Si toutes les caméras de vidéosurveillance à reconnaissance faciale resteront après les JO. Si ce pass, qui nous rappelle certaines heures sombres de l’époque Covid, utilisé désormais pour un événement sportif et légitimé par la défense antiterroriste, deviendra progressivement et tranquillement monnaie courante… Et si, malgré toutes ces mesures impressionnantes et liberticides, toutes les personnes qui déclareront ouvertement vouloir commettre un attentat pendant les JO seront remises en liberté (sous contrôle judiciaire) comme ce jeune homme de 16 ans.

 

Article par Estelle Brattesani

 

⇒ Lire notre dossier « JO 2024 – Souriez, vous êtes fichés ! » dans notre n° 151 (mars-avril 2024) :

 

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