Présidentielle : les journalistes de Marianne dénoncent une ingérence
Dans un communiqué publié mardi 19 avril 2022, la société des rédacteurs de Marianne partage son indignation suite à une « ingérence » de l’actionnaire principale.
La une du numéro de Marianne paru ce jeudi est devenue un appel à voter pour Emmanuel Macron, se positionnant clairement contre Marine Le Pen, alors que l’initiale ne souhaitait pas dicter de consigne de vote aux lecteurs.
◆ La une polémique
Parue ce jeudi, la une du journal, montre une photo des yeux d’Emmanuel Macron sur laquelle il est écrit « Malgré la colère… » suivie d’une photo des yeux de Marine Le Pen où il est écrit « … éviter le chaos ». Un appel clair à faire barrage à la candidate du Rassemblement national. La version qui avait été choisie initialement reprenait les mêmes photos, mais avec une titraille légèrement différente : « La colère… ou le chaos ? » Malgré un titre déjà orienté, la version initiale ne donnait pas de consigne de vote claire à ses lecteurs.
◆ Un consensus de la rédaction
Dans son communiqué, la société des rédacteurs de l’hebdomadaire explique que le contenu de la une choisie initialement avait été décidé « à l’issue de deux réunions collégiales associant la direction et l’ensemble de la rédaction. Un consensus clair s’était dégagé pour établir une distinction factuelle entre les deux candidats sans pour autant dicter leur conduite à nos lecteurs. » Mais malgré le consensus, la direction de Marianne est revenue sur ce choix. D’après les journalistes, cette décision est intervenue suite à l’« ingérence » de l’actionnaire principal du journal, le milliardaire Daniel Kretinsky, malgré l’engagement qu’il avait pris à deux reprises de respecter l’indépendance éditoriale du journal. La société des rédacteurs dit y voir une « atteinte inédite à son indépendance ».
◆ La direction au secours de son actionnaire ?
Suite à ce communiqué, la direction du journal a décidé de prendre la parole, à travers la voix de la directrice de la rédaction, Natacha Polony, qui a déclaré « assumer pleinement sa responsabilité éditoriale, en toute indépendance » et le nouveau titre qui incite à éviter de voter pour « un parti dont l’accession au pouvoir provoquerait un désordre […] immense et qui ne ferait qu’amplifier les fractures. » À mesure que les médias se concentrent dans les mains de quelques portefeuilles, les faits de censure et d’autocensure se multiplient. La stratégie des grands financiers d’avaler tous les groupes de presse aurait-elle pour but de faire taire les contre-pouvoirs ?
Image principale par Andrys de Pixabay
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