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Un projet de parc à 63 éoliennes dans les Ardennes annulé par la justice

Saisie par des riverains, la cour administrative d’appel de Nancy a annulé, le 3 avril dernier, les arrêtés préfectoraux autorisant la construction du parc éolien terrestre le plus puissant de France. Celui-ci devait voir le jour dans le sud des Ardennes. Mais son impact visuel a été considéré comme trop important pour les habitants des villages limitrophes.

◆ Le parc éolien le plus puissant de France

Parmi les nombreux arguments légitimes pour s’opposer à l’implantation d’éoliennes (perturbation de la biodiversité, nuisances sonores, impact des infrasons sur la santé, bétonisation des sols, etc.), c’est l’excès de saturation visuelle pour les riverains qui aura eu raison du projet de parc éolien Mont-des-Quatre-Faux, dans le sud des Ardennes.

Avec ses 63 éoliennes, ce parc, porté par EDF Renouvelables et le groupe belge Renner Énergies, devait être le plus puissant de France. Sa capacité de 226 mégawatts aurait permis de produire l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 249 000 personnes, selon le site Internet du projet. À condition qu’il y ait du vent…

◆ Un secteur déjà saturé d’éoliennes

Soixante-trois éoliennes dans leur voisinage et dans leur champ de vision, cela fait tout de même beaucoup, ont estimé plusieurs riverains des villages limitrophes, dont certains se sont réunis en collectif de défense.

Leur ras-le-bol est d’autant plus justifié que, selon une pétition qu’ils ont lancée en juin 2023, il y aurait « plus de 380 éoliennes installées, à implanter ou dont le dossier est en cours d’instruction » dans leur secteur (communautés de communes du Rethélois, de la Thiérache et de l’Argonne ardennaise).

◆ Les riverains ont demandé l’annulation des arrêtés préfectoraux

Invoquant pêle-mêle la dégradation du paysage, les nuisances sonores, l’artificialisation des sols, les impacts sur la santé, sur la faune, sur l’immobilier et autres préjudices, les riverains mécontents ont saisi le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, afin de demander l’annulation de l’arrêté du préfet des Ardennes du 26 juin 2017 autorisant l’implantation de ce parc. Demande qui a été rejetée le 23 janvier 2020.

Mais en saisissant la cour administrative d’appel de Nancy, les requérants ont eu plus de chance. Dans un premier temps, la cour a demandé au porteur de projet et au préfet des Ardennes de régulariser la procédure, dans laquelle des vices avaient été relevés. L’arrêté de régularisation pris le 3 octobre 2023 par le préfet des Ardennes a cependant été lui aussi contesté par les riverains.

◆ Une « saturation visuelle » jugée excessive pour les habitants

Après une audience publique qui s’est tenue le 13 mars 2025, la cour administrative d’appel de Nancy a finalement annulé les deux arrêtés préfectoraux, dans un arrêt rendu le 3 avril dernier, assorti d’un communiqué.

Retenant essentiellement l’effet visuel imposant créé par les 63 éoliennes « d’une hauteur de pale de 200 mètres », la cour a estimé que le projet est « implanté sur un vaste plateau composé de terres agricoles peu boisé offrant de larges vues et comportant peu d’obstacles visuels. Il génère ainsi de fortes visibilités en raison du nombre important d’éoliennes dans un rayon de 10 km déjà autorisées dans le secteur. Les seuils d’alerte admis pour apprécier le phénomène de saturation visuelle sont largement dépassés pour les habitants de Cauroy, Machault, Mont-Saint-Remy, Dricourt et Pauvres. »

◆ Rien ne semble pouvoir sauver le projet en l’état actuel

La cour a, de plus, souligné que « ni le relief, ni la végétation, ni des mesures de réduction ne pourraient masquer les éoliennes […] et atténuer les effets d’encerclement et de saturation visuelle pour les habitants ». Et de conclure qu’à moins d’une « évolution très significative du projet qui ne se bornerait pas à la suppression de quelques éoliennes et nécessiterait de réaliser une nouvelle étude d’impact », « ces atteintes ne paraissent pas régularisables ».

Sans être complètement enterré, puisque EDF Renouvelables et Renner Énergies ont deux mois pour déposer un recours en cassation devant le Conseil d’État, le projet du mont des Quatre-Faux vient de prendre un sacré coup dans les pales.

Article par Alexandra Joutel

(Image par entrondesign de Pixabay)

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