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Fin de la censure sur les plateformes Meta : l’incroyable retournement de veste de Mark Zuckerberg !

Non à la censure. Oui à la liberté d’expression. Tel est le résumé de l’étonnant discours tenu par Mark Zuckerberg, le PDG de Meta, dans une vidéo publiée mardi sur son compte Facebook. Suppression des fact-checkers, mise en place d’un système de notes de la communauté, annulation des restrictions de contenus, amélioration des filtres de modération, déménagement des équipes au Texas pour éviter les biais politiques, lutte contre la censure dans le monde… Elon Musk ? Non, Mark Zuckerberg, version 2025 !

◆ Dénonciation d’une censure « clairement politique »

Nouveau look, nouvelles idées ? C’est en mode cheveux longs, bouclettes sur le front, que Mark Zuckerberg, le PDG de Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp, Threads), a publié ce mardi 7 janvier sur son compte Facebook une vidéo absolument renversante !

« Il est temps de revenir à nos racines concernant la liberté d’expression sur Facebook et Instagram », annonce-t-il d’entrée de jeu. « J’ai fait un discours à Georgetown il y a cinq ans sur l’importance de protéger la liberté d’expression. Je le pense toujours aujourd’hui, mais beaucoup de choses se sont produites au cours de ces dernières années. Il y a eu un débat généralisé sur les potentiels dangers liés aux contenus en ligne. Les gouvernements et les médias traditionnels ont poussé à censurer toujours davantage. Une grande partie de tout cela est clairement politique. »

◆ L’acte 2 des confessions inattendues de cet été

On croit rêver ! Mais non. Mark Zuckerberg est bel et bien en train de faire son coming out et de s’engager dans un virage à 180° concernant la politique de censure mise en place depuis près de cinq ans sur ses réseaux sociaux. Comme il le dit lui-même dans sa vidéo, « les récentes élections semblent être un point de bascule culturel vers une nouvelle priorité accordée à la liberté d’expression ». Telle une girouette, Zuckerberg prend le sens du vent et surfe sur la vague.

Cet été déjà, sa lettre-confession adressée à la commission judiciaire de la Chambre des représentants des États-Unis avait de quoi surprendre. Il y avouait l’instrumentalisation de ses équipes par le FBI pour étouffer l’affaire Hunter Biden au moment des élections présidentielles de 2020 et la censure mise en place sur Facebook durant la crise du Covid sous la pression de l’administration Biden. Cette lettre était en fait un avant-goût du revirement acrobatique auquel « Zuck » se livre aujourd’hui.

◆ Un rapprochement express avec Trump

Donald Trump désormais élu, accompagné d’un Elon Musk qui ne cesse de prôner le « free speech » sur X et dans le monde, le patron de Meta a compris que l’heure était venue pour lui et pour l’avenir de son entreprise de se mettre au diapason de la nouvelle équipe arrivée à la tête des États-Unis.

L’informaticien milliardaire a d’ailleurs participé, fin novembre 2024, à un dîner organisé par Donald Trump dans sa résidence de Mar-a-Lago, quelques semaines après que Meta (comme Amazon) a fait un don d’un million de dollars au fonds d’inauguration du nouveau président. Mieux encore, en début de semaine, un proche de Donald Trump, Dana White, président du Championnat de combat ultime, est entré au conseil d’administration de Meta.

◆ Une nouvelle feuille de route en cinq points

Le résultat est une feuille de route en cinq points, qui sont autant de changements radicaux dans la politique de contenus de Facebook, Instagram et Threads :

1) Se débarrasser des fact-checkers, en cessant les programmes de vérification des contenus, dans un premier temps aux États-Unis. Ils seront remplacés par des notes de communauté similaires à celles instaurées sur X. Ce sont donc les utilisateurs qui feront eux-mêmes la vérification des contenus et veilleront à limiter la désinformation. « Les fact-checkers ont été trop biaisés politiquement et ont détruit davantage de confiance qu’ils n’en ont créé », explique Zuckerberg.

2) Simplifier les politiques de contenus et se débarrasser de quantité de restrictions concernant des sujets tels que l’immigration ou le genre. « Ce qui avait commencé comme un mouvement pour plus d’inclusion a progressivement servi à museler l’opinion et à exclure les personnes ayant des idées différentes. C’est allé trop loin », souligne le dirigeant.

3) Réduire les trop nombreuses erreurs commises par les systèmes de modération utilisés, afin qu’ils ne bloquent que les contenus relevant d’une infraction sévère au regard de la loi. Ceux relevant d’une infraction plus légère recevront une notification avant qu’une action soit engagée.

4) Redonner de la visibilité aux contenus politiques. Selon le patron de Meta, les utilisateurs avaient réclamé d’en voir moins, à une certaine époque, mais demandent aujourd’hui leur retour.

5) Déménager les équipes de modération de Meta, actuellement basées en Californie (bastion du parti démocrate), au Texas (bastion républicain). Zuckerberg estime que ses équipes y auront moins de biais politiques (disons plutôt qu’ils n’auront pas les mêmes), ce qui permettra de restaurer la confiance des utilisateurs.

◆ Lutter contre la censure institutionnalisée

Pour finir, le PDG de Meta déclare vouloir « travailler avec le président Trump, afin de repousser les gouvernements du monde entier qui s’en prennent aux entreprises américaines, en les poussant à une censure accrue », alors que la Constitution des États-Unis est l’une des plus protectrices envers la liberté d’expression. Ainsi notamment de l’Europe qui, selon Zuckerberg, « compte un nombre croissant de lois institutionnalisant la censure ». L’informaticien américain vise en particulier le Digital Services Act (règlement sur les services numériques), en vigueur depuis fin août 2023 dans l’Union européenne.

Lire notre article du 07/03/2024 :

Attaques sur la liberté d'expression et d'opinion

Préservant ses intérêts, Zuckerberg les a toutefois peu combattues ou contestées, y collaborant même plutôt avec un certain zèle. Il prétexte aujourd’hui qu’il était difficile d’aller contre cette « tendance générale » durant les quatre dernières années, car le gouvernement américain poussait lui-même à la censure, encourageant les autres à faire de même. Bref, il compte sur le soutien de la nouvelle administration Trump pour mener ce combat.

Un communiqué publié le 8 janvier par France Diplomatie a répondu que « la France maintiendra sa vigilance pour s’assurer que Meta, ainsi que les autres plateformes, respectent leurs obligations au regard des législations européennes, et en particulier au Digital Services Act (DSA) ».

◆ Les fact-checkers aux abois

En attendant, suite à cette vidéo, le petit monde du fact-checking est dans tous ses états. Normal, Meta était l’un des plus gros financeurs des organisations de fact-checking de la planète, comme l’indique par exemple le rapport 2022 de l’International Fact-Checking Network (IFCN), où il est précisé, page 6, que la contribution de Meta représentait à l’époque 45,2 % de leurs revenus totaux.

Sur son compte X, le célèbre fact-checker français Julien Pain s’est étranglé dans un long fil alarmiste, aux accents limite complotistes : « Dans une vidéo de 5 mn hallucinante, M. Zuckerberg annonce qu’il veut renforcer la liberté d’expression sur ses réseaux. Et sa première mesure est de se débarrasser des fact-checkers, tout en augmentant les contenus politiques. Vous voyez comme moi où ça va tout ça ? […] Mon travail, et celui des fact-checkers, est de vérifier les informations. […] Faire passer le fact-checking pour un outil de censure est un argument qui vient tout droit de Trump et de Musk, avec ses multiples relais en France. »

◆ Bientôt la fin des « vérificateurs de faits » ?

La suite est encore plus délirante : « À travers cette attaque contre les fact-checkers, c’est notre modèle de démocratie qui est attaqué. » Carrément ! « N’ayez pas de doute là-dessus, ils s’en prennent d’abord aux fact-checkers, mais ils ne s’arrêteront pas là. »

Si la vidéo de Zuckerberg est « hallucinante », que dire des tweets de Julien Pain ? Ce qui semble certain est qu’à partir de maintenant, une brèche est ouverte. La tâche des fameux « vérificateurs de faits » autoproclamés risque d’être plus ardue et beaucoup moins financée à l’avenir. Peut-être même ce faux métier de chiens de garde de la doxa déguisés en journalistes est-il sur le point de disparaître ?

Article par Alexandra Joutel

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