Politique

Quels sont les liens entre BlackRock et Emmanuel Macron ?

Larry Fink, le PDG de BlackRock, a-t-il pesé dans la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale ? C’est la question soulevée par l’investisseur et observateur financier Guy de la Fortelle, qui s’intéresse depuis plusieurs années à la multinationale américaine et aux liens qu’elle semble discrètement entretenir avec l’actuel occupant de l’Élysée.

◆ Un « monstre des profondeurs »

Ils sont peu nombreux en France à s’être intéressés au poids politique du géant américain BlackRock, cette multinationale fondée en 1988, dirigée par un certain Larry Fink et devenue en quelques décennies le plus important gestionnaire d’actifs de la planète.

Deux personnes au moins se sont sérieusement penchées sur le sujet : le journaliste Denis Robert, qui a publié en octobre 2020 un livre enquête intitulé Larry et moi aux éditions Massot, et l’observateur financier Guy de la Fortelle, qui a consacré plusieurs articles et vidéos à « ce monstre des profondeurs » qu’est BlackRock, dans sa lettre d’information L’Investisseur sans costume.

◆ BlackRock, détenteur de 5 % du CAC 40

Selon eux, la puissance de Larry Fink est incommensurable. Cet homme « a plus d’influence sur nos vies que nos parents », alerte Denis Robert dans la présentation de son ouvrage, en soulignant quelques faits essentiels : « Savez-vous que BlackRock possède 6,3 % de Total, 6,5 % de Sanofi, 6,4 % de Publicis, 5,9 % de Danone… en gros 5 % du Cac 40 ? Que BlackRock conseille la BCE, Airbus, Exxon, JP Morgan, Apple, la Grèce, l’État allemand ou la Commission européenne ? »

(Infographie publiée en 2017 sur le site Graphseo bourse)

Pourtant, même si le géant américain « brasse 31 000 milliards de fonds par an », « pour survivre, BlackRock a besoin d’argent et de nouveaux espaces. On a ainsi retrouvé Larry à plusieurs reprises depuis deux ans chez Emmanuel Macron pour pousser – entre autres – au vote de la réforme des retraites par capitalisation », écrit le journaliste en 2020.

◆ Les curieuses visites de Larry Fink en France depuis 2017

Depuis, les visites en France de Larry Fink n’ont cessé de se multiplier et souvent à des tournants importants de la politique d’Emmanuel Macron, comme l’explique Guy de la Fortelle dans sa lettre du 3 avril 2022. Généralement discrètes, ces visites sont traçables grâce au jet privé du patron de BlackRock, un Gulfstream G650, dont Denis Robert a identifié le numéro d’immatriculation.

Or, remarque le rédacteur de L’Investisseur sans costume, avant 2017 et l’élection d’Emmanuel Macron, Larry Fink n’était jamais venu en France. Et puis soudain, il s’est mis à aimer notre beau pays, au point de venir le visiter une dizaine de fois en cinq ans (entre 2017 et 2022).

Comme par hasard, au moment de la réforme des retraites. Mais aussi juste avant l’annonce de la mise en place du pass sanitaire en juillet 2021. Ou encore pile le jour où Emmanuel Macron s’est entretenu par téléphone avec Vladimir Poutine, le 15 novembre 2021, trois jours après la mobilisation de l’armée russe à la frontière ukrainienne, donc à « un moment clé de la préparation de la guerre », note Guy de la Fortelle. Le président français avait un rôle central à jouer dans l’évitement de ce conflit, mais force est de constater qu’il n’a pas particulièrement brillé par ses talents de diplomate pacificateur.

◆ Les intérêts politico-financiers de BlackRock

De simples coïncidences ? L’intérêt du gestionnaire de fonds de pension dans la réforme des retraites semble toutefois évident et Guy de la Fortelle rappelle que le président de BlackRock France (mais aussi des filiales belge et luxembourgeoise du groupe) n’est autre que Jean-François Cirelli, « artisan de la réforme des retraites sous Fillon » en 2003 « et à qui Emmanuel Macron a remis une Légion d’honneur » le 1er janvier 2020.

L’intérêt de BlackRock dans la guerre en Ukraine ? On sait aujourd’hui que Larry Fink et Volodymyr Zelensky ont trouvé un accord fin 2022 pour que la multinationale aide le pays à se reconstruire au sortir du conflit. Le pass sanitaire ? Pour Guy de la Fortelle, cet outil de contrôle social était une préfiguration d’autres pass qui, à l’avenir, seront couplés à la monnaie numérique. Or, selon L’Investisseur sans costume, l’une des obsessions de Larry Fink serait d’accélérer l’adoption des monnaies numériques par les banques centrales, afin « d’enfermer [n]otre épargne dans le système financier » et prélever directement ce qu’il appelle « l’impôt ultime » sur notre argent.

◆ Larry Fink à Paris juste avant la dissolution

Peut-être ne s’agit-il que d’hypothèses sans fondement. Toujours est-il que ces étranges « hasards du calendrier » ont fait que Larry Fink était à nouveau présent en France dans les jours qui ont précédé la dissolution de l’Assemblée nationale, comme en témoigne une interview du patron de BlackRock publiée le 7 juin dernier dans Le Figaro.

Également cofondateur du média Tocsin, Guy de la Fortelle n’a pas pu s’empêcher de souligner cette nouvelle coïncidence, lors de sa chronique dans la matinale du 17 juin. Que faisait de nouveau Larry Fink à Paris quelques jours avant cette grande décision d’Emmanuel Macron ?

◆ La question cruciale de la dette française

Et quel serait cette fois son intérêt ? Pour le chroniqueur de Tocsin, la réponse se trouve dans la dette française. En 2022, a-t-il rappelé, la Banque centrale européenne (BCE), qui détenait 25 % de la dette française, a cessé de la racheter. À la place, ce sont des investisseurs étrangers qui ont pris le relais. Bien que leur anonymat soit protégé par la loi française, comme l’explique un article des Échos, il y a de fortes chances pour que les nouveaux détenteurs de ces titres soient de grands fonds de gestion américains tels BlackRock et Vanguard qui ont, à cette période, « ajouté énormément d’actifs à leur bilan », indique Guy de la Fortelle.

Or, suite à l’annonce de la dissolution, « le prix de la dette [française] s’est envolé » et, « dans le même temps, la dette allemande a baissé », poursuit le chroniqueur, ce qui signifie qu’il y a eu un transfert de liquidités de la France vers l’Allemagne.

◆ Emmanuel Macron complice de manœuvres américaines ?

En analysant l’ensemble du tableau et en tenant compte du fait que Larry Fink était à Paris juste avant l’annonce de la dissolution, Guy de la Fortelle se dit convaincu que les États-Unis sont en train de manœuvrer pour « tirer de grandes liquidités de l’Europe, en la mettant sous coupe réglée allemande », à l’instar de ce qu’ils ont fait après 1919, quand ils ont déversé d’immenses liquidités en Allemagne, par l’intermédiaire de la banque JP Morgan, pour y recréer de grands conglomérats très lucratifs pour eux sur le long terme. Si son hypothèse est juste, BlackRock serait donc à la manœuvre, avec la complicité de notre président, dont Larry Fink semble décidément très proche…

En attendant, suite à cette dissolution et à l’augmentation subite des taux d’emprunt français (auxquelles il faut ajouter la dégradation de la note de la France par l’agence Standard & Poor’s quelques jours auparavant), une procédure pour déficit public excessif est désormais envisagée par la Commission européenne à l’encontre la France. Bien qu’elle doive être confirmée à la mi-juillet, cette procédure fait peser la menace d’une mise sous tutelle de notre pays, si le plan budgétaire présenté à l’automne est jugé insuffisant. Cela aussi était-il voulu par Emmanuel Macron, président du « quoi qu’il en coûte » ?

Article par Alexandra Joutel

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