La France confrontée à une « épidémie » de cancers ?
Chaque année, près de 400 000 nouveaux cas de cancers sont déclarés en France. Depuis 40 ans, ce chiffre est en constante augmentation. Mais quelles en sont les raisons ?
Ces chiffres n’inquiètent pas les institutions publiques, puisque, selon elles, les données résultent majoritairement de l’augmentation de la population, de son vieillissement et d’une détection plus efficace. Mais pour nombre de scientifiques, il s’agirait d’une « épidémie ».
◆ Le cancer, première cause de mortalité en France
Selon un rapport conjoint de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) datant de 2008, « les cancers représentent en France la première cause de mortalité chez les hommes et la deuxième cause chez les femmes et figurent parmi les pathologies pouvant être liées à l’environnement ». Nous faisons bien face à une épidémie, en partie due à une exposition multiple et constante à des cancérogènes, d’après le docteur Jean-François Corty, ancien directeur des opérations chez Médecins du monde. Signataire d’une tribune dans Le Monde, il explique : « Dans la définition d’épidémie par le Larousse, il y a le fait qu’il s’agisse d’un phénomène pernicieux, nuisible qui atteint un grand nombre d’individus. On est dans cette configuration. » Le site de la Ligue contre le cancer nous indique que 40 % des cancers pourraient être évités. Pour cela, il suffirait de changer quelques-uns de nos comportements et modes de vie, tels qu’arrêter la consommation de tabac et d’alcool, avoir une alimentation plus saine et faire du sport. Mais qu’en est-il des cancers chez les enfants, qui sont également en augmentation ?
◆ Les enfants ne sont pas épargnés
Selon le docteur Corty, l’augmentation des cancers pédiatriques est un « révélateur » de cette épidémie. « Il y a 2 500 cas par an, environ 200 décès chaque année et ces chiffres sont certainement sous-estimés », selon lui. Le nombre de cancers pédiatriques a augmenté de 18 % entre 2003 et 2019, d’après la Caisse nationale de l’assurance maladie. Les enfants sont pourtant trop jeunes pour avoir des comportements nocifs pour leur santé. Pour le docteur, il faudrait plutôt regarder du côté de l’environnement des malades. « Au moins 90 % des cancers pédiatriques sont liés à des causes environnementales. Les enfants n’ont pas à être malades du cancer, ce n’est pas normal. » Comme le rapporte le site Actu.fr, il existe des clusters de cancers d’enfants en France. C’est-à-dire un nombre élevé d’enfants malades ou morts du cancer dans une zone restreinte. Très souvent, les autorités sanitaires n’ont aucune explication à donner.
◆ L’industrialisation tue ?
Pour la sociologue Annie Thébaud-Mony, il s’agit d’un « phénomène très lié à l’industrialisation ». Les premiers cas de cancers sont apparus aux XVIIIe et XIXe siècles, dans le secteur minier, « mais la véritable épidémie a commencé dans les années 1920-1930 », avec une « accélération impressionnante après la Seconde Guerre mondiale », explique-t-elle. Selon le Groupement d’intérêt scientifique sur les cancers d’origine professionnelle du Vaucluse (Giscop 84), cette accélération « est concomitante de l’essor des industries chimiques et pétrochimiques qui introduisent dans la production – et dans l’environnement – des millions de molécules et mélanges de substances dont la toxicité est pour une large part méconnue. S’y ajoutent les industries métallurgique, minière et nucléaire, dont certains risques toxiques sont identifiés de longue date, ainsi que l’essor de l’agriculture chimique. »
Pour de nombreux scientifiques, la France est clairement en pleine épidémie de cancers. Mais il y a un manque de visibilité certain puisqu’il n’y a pas de réelles recherches faites sur le sujet. Les registres généraux, qui recensent les cancers dans la population à des fins de recherches, recouvrent seulement 22 % de la population française, sans distinguer les régions industrialisées ou non. Pourquoi les politiques ne s’intéressent–ils pas plus à ce sujet, qui touche de nombreuses familles ? Faut-il aller chercher du côté des lobbys des industries polluantes ?
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