Jean-Pierre Petit : l’unique « savanturier » français !
Les ovnis et les extraterrestres source de recherches avant-gardistes en astrophysique, physique théorique et mécanique des fluides, ça vous parle ? Est-ce mission impossible ? Le savant et aventurier Jean-Pierre Petit revendique cet exotisme : qui est-il, ce jeune homme de 82 ans jusqu’au-boutiste, ivre de liberté et d’équations einsteiniennes, pour qui science et conscience […]
Les ovnis et les extraterrestres source de recherches avant-gardistes en astrophysique, physique théorique et mécanique des fluides, ça vous parle ? Est-ce mission impossible ? Le savant et aventurier Jean-Pierre Petit revendique cet exotisme : qui est-il, ce jeune homme de 82 ans jusqu’au-boutiste, ivre de liberté et d’équations einsteiniennes, pour qui science et conscience sont une aventure incorruptible, et dont la vie est un incroyable maëlstrom aux frontières du réel ?
Monsieur Petit est dans les airs, il pilote son aile delta dans les montagnes de Haute-Provence. Le rocher qui domine Saint-Vincent-les-Forts offre de fortes ascendances thermiques. Au loin, le lac de Serre-Ponçon ; en contrebas, plus proche, une grande ferme et sa prairie qu’il cible pour s’y poser.
◆ Un homme inattendu
JPP (Jean-Pierre Petit) s’invite par surprise chez Aimé Michel, philosophe, écrivain scientifique, un des premiers Français à avoir enquêté et réfléchi autour du sujet ovni, dès les années cinquante. Ils ne se connaissent pas. Ce contact impromptu par le ciel résume son style intrépide, être là où on ne l’attend pas. Sur la nappe en papier du restaurant, il griffonnera des croquis, énoncera théorèmes ou équations, ce qui probablement énervera gentiment Aimé Michel qui, lui-même, se sera cassé les neurones à chercher une explication « définitive », avant de laisser le souffle de la transcendance prendre le dessus, autrement dit, de faire de la métaphysique. Le même philosophe écrivait cependant, en 1978, au sujet d’une « pensée extraterrestre » et de ce qu’en disaient les savants astronomes : « Il y a même une troisième tendance : ceux qui, comme le physicien théoricien Jean-Pierre Petit, pensent que la communication interstellaire passe par la résolution préalable de problèmes de physique fondamentale et l’établissement d’une théorie plus générale des possibilités de la nature […]. » La première tendance était, selon son classement, celle modeste d’un contact radio (mouvance Carl Sagan), la deuxième n’excluant aucune hypothèse. La troisième est donc celle qui, partant de l’hypothèse extraterrestre des ovnis – piste explicitement admise par JPP –, remet paradoxalement l’homme au centre… Que l’homme peut-il bien faire du « matériau » ovni ? D’ailleurs, plus le temps passe, dit-il, plus toutes ses investigations scientifiques extra- terrestres le ramènent sur Terre, sur les lourds problèmes auxquels nous sommes confrontés, notamment l’insupportable inconscience des scientifiques, collaborateurs assidus des recherches militaires et de la raison d’État. Il se revendique idéaliste, « pour sauver cette fichue planète que les “réalistes” sont en train d’amener vers le chaos ».
◆ Le pari de Petit
Sa volonté de tout expliquer de manière scientifique – en particulier d’expliquer les ovnis avec les hypothèses de physique les plus inattendues, « saugrenues » même, dit-il –, comme si c’était, dès lors, un problème résolu, est à double tranchant. Avantage incomparable : ça évite de tomber dans l’ufologie de bazar, qui donne l’impression après plusieurs décennies de remettre ça sur le tapis comme si le dernier ovni vu sur le Net, vrai ou faux, était le premier-né. Dit autrement, l’ufologie reste une branlette collective perpétuelle, entre émerveillement béat et ricanement idiot, et ceci sans même avoir passé ne serait-ce que quelques heures à s’informer et à réfléchir. Fâcheux inconvénient cependant : Petit se trompe peut-être à vouloir tout cerner dès maintenant, car il laisse de côté quantité de données et d’aspects historiques, psychiques et sociologiques, de même qu’un flot d’événements incohérents et grotesques qui ont tendance à réduire l’origine extraterrestre des ovnis à une piste qui relèverait de la vieille science-fiction. Je ne le crois pas dupe des risques liés à son pari. Il constate aussi que « dans la constellation ovni, l’humour est souvent au coin de la rue » ou encore juge que « toute pensée est un système organisé de croyances ». Convaincu, il affirme néanmoins que l’ufologie est creuse sans ses avancées scientifiques appliquées aux ovnis. Ses recherches intègrent la possibilité de voyage interstellaire, incluant des théories bouleversantes sur le cosmos qui permettraient d’aller 10 fois plus vite que la vitesse de la lumière sur des distances « rendues » 100 fois plus courtes (facteur 1 000). Elles portent aussi sur l’objet « volant » lui-même, sa constitution et son déplacement non propulsé. « Rien, des millions de témoignages, mais rien n’en est sorti. » Certes, peut-être se trompe-t-il largement sur la nature du phénomène ovni. Mais peut-être est-il sur la bonne piste concernant notre usage scientifique des ovnis tels qu’ils se manifestent à notre époque. D’ailleurs, que peut-on perdre à parier de la fertilité de ses travaux ? En attendant de le savoir, dans plus ou moins quelques générations, il offre une sorte de vraie science-fiction.
◆ Informé par téléphone
De même que la plupart des artistes dévalorisent leurs travaux les plus anciens au profit de ceux en voie de réalisation, JPP préfère les nouveautés. Ses recherches actuelles inspirées d’informations reçues par téléphone une nuit d’octobre 2016 (ses mystérieux correspondants) seraient beaucoup plus importantes que la magnétohydrodynamique (MHD) ou même que son modèle Janus aux univers jumeaux en miroir, à temps inversé et masse et énergie négatives. Les masses, en plus d’être réelles, pourraient être « imaginaires pures » et « complexes ». Il s’agit d’intégrer mathématiquement les dimensions immatérielles du monde, de composer des équations métaphysiques, et même de mathématiser la mort, de mettre en évidence scientifique ce qui subsiste… « La vie après la mort démontrée mathématiquement » serait ainsi le titre de son prochain bouquin. Au cours du même entretien, il me dit aussi qu’il est fatigué de la physique, de passer des milliers d’heures à se casser la tête sur des calculs, et surtout en raison d’une relative indifférence, pour ne pas dire hostilité ; qu’il aimerait se consacrer davantage à l’égyptologie. Lors d’un premier voyage en Égypte, une nuit, il est comme télétransporté à l’époque et se retrouve témoin du mode de construction des pyramides. Une autre fois, il se retrouve en rêve à bord d’une nef de l’Ancien Empire égyptien. Et le voilà qui me dessine, avec moult explications techniques, un dispositif de navire que les Égyptiens auraient fabriqué pour aller plus loin qu’on ne le pense. Il veut fabriquer un prototype. Dans la mesure où notre savant paranormal est manifestement dépourvu d’inertie et d’inhibition – exemple modeste : traverser nu Aix-en-Provence avec une amie médecin elle aussi nue, juste pour voir les réactions, aucune en l’occurrence, comme un déni de réalité – pourquoi ne pas accepter sa propension aux voyages psychiques dans le temps, dans la mesure où la structure informationnelle dynamique du monde, elle, subsiste d’une manière suffisamment stable ? Toutefois, s’il se tapait la tête contre les murs face à ce qu’il appelle la « conocratie » [gouvernement par les cons, NDLR] et la ploutocratie (gouvernement par les riches), ou de désespoir pour raisons personnelles ou collectives, il se ferait mal. Sa vie a beau être traversée de manière assez régulière par le paranormal, JPP n’est pas passe-muraille…
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