Un infectiologue affirme que le vaccin anti-Covid réduit de 45 % le taux de contamination
Le Dr Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital de Garches, déclarait le 17 décembre sur RMC que le vaccin anti-Covid permet de diviser « par deux quasiment la probabilité de se contaminer ». Nous l’avons contacté pour lui demander le lien vers la source américaine qu’il cite pendant l’émission et lui poser quelques questions complémentaires, afin de savoir ce qu’il voulait dire avec plus de précisions, et si on peut à l’heure actuelle, affirmer de telles choses de manière sérieuse et fiable.
◆ Des affirmations chiffrées
« Lorsqu’on se fait vacciner, notamment pour la Covid, ce qu’on sait des dernières données issues des CDC (Centers for Disease Control), on réduit de 45 %, c’est-à-dire on divise par deux quasiment la probabilité de se contaminer. Donc, lorsqu’on n’est pas contaminé, la probabilité de transmettre, elle est nulle et clairement, je pense qu’on passera tous de meilleures fêtes en se sachant protégés qu’en y allant le nez qui coule, en toussant, et en se disant qu’on ne mettra pas de masque parce que y’a une pensée magique qui fait que la Covid est terminée », expliquait l’infectiologue Benjamin Davido au micro de RMC le 17 décembre 2023, pendant l’émission La Matinale week-end.
◆ Des propos contestés
Un mensonge pur et dur, selon Marc Doyer, membre de l’association de victimes post-vaccin Covid Verity France, qui menace de porter plainte s’il n’y a pas de démenti assorti d’excuses :
Étant donné que les déclarations du Dr Davido pourraient être interprétées de différentes manières en raison des formulations utilisées, nous avons pris l’initiative de le contacter afin qu’il puisse clarifier certains points. L’objectif est de comprendre si les vaccins anti-Covid actuels réduisent effectivement de 45 % la probabilité d’être contaminé par les variants actuels, et s’il est nécessaire d’ajouter des nuances ou des compléments à ces affirmations.
◆ Une demande d’éclaircissement
Nous avons notamment demandé au Dr Davido ce qu’il entendait plus précisément par « la probabilité de se contaminer », s’il parlait du taux d’« auto-infection », ou du taux de transmission. Sa réponse : « En étant vacciné, on baisse de 45 % notre probabilité de faire une Covid symptomatique par rapport à un non-vacciné. Et si on ne tombe pas malade, on ne transmet pas la maladie. Autrement dit, je parlais de l’efficacité vaccinale face au risque de faire une Covid symptomatique. » Le Dr Davido parlait donc de la « réduction du risque d’infection et donc de contamination secondaire ».
Nous lui avons également demandé de nous communiquer le lien vers la source qu’il avance sur RMC. Il nous a alors transmis « sa diapo utilisée à partir des donnée CDC » qu’il utilise tiré de l’étude sortie en décembre 2022, intitulée « Efficacité vaccinale contre l’infection symptomatique par le SARS-CoV-2 pour une seule dose de rappel bivalente à ARNm Covid-19 reçue après 2, 3 ou 4 doses de vaccin monovalent par rapport à l’absence de doses, par groupe d’âge et nombre de doses de vaccin monovalent Covid-19 ».
◆ Des sources adaptées à l’actualité sanitaire ou obsolètes ?
Précisions apportées par le Dr Davido pour ce document : « Cela concerne exclusivement le vaccin Pfizer, il me semble en tout cas, ARN, et ce sont les données de l’an dernier face au variant de l’an dernier. Le chiffre exact en moyenne chez les moins de 50 ans, c’est 43% (…) Ces données sont basées sur le vaccin bivalent BA.5 face au variant BA.5 qui circulait en 2022 et appartient à Omicron. Lorsqu’on regarde dans le passé, c’est à peu près ce chiffre stable que l’on retrouve (de 30 à 45 %) de réduction de forme symptomatique. (…) Il est vrai que ce travail ne prend pas en compte l’infection asymptomatique, mais en pratique, d’autres travaux ont montré une efficacité du vaccin sur ces deux modalités et l’on sait que l’on contamine d’autant plus qu’il s’agit d’une infection symptomatique. »
Pour le dire autrement, c’est l’efficacité du vaccin Pfizer bivalent contre les variants de l’époque BA.4/BA.5, administré suite à l’injection de plusieurs doses de monovalent, qui est étudiée dans ce tableau utilisé comme référence américaine. Remarquons aussi que les données remontent à septembre-novembre 2022, alors que nous utilisons actuellement la dernière version du monovalent Pfizer contre les derniers sous-variants d’Omicron, dont fait partie le BA.5 mais qui n’est plus majoritaire.
Lorsque nous lui avons fait remarquer ces points, le Dr Davido nous a alors transmis les dernières mises à jour des données CDC, plus récentes que les précédentes, sorties en février 2023. Mais comme pour l’étude précédente, c’est l’effet du vaccin bivalent de Pfizer qui est examiné, mais cette fois, sur les variants XBB/XBB.1.5 en plus du BA.5. La conclusion de l’étude : « Les résultats ont montré qu’une dose de rappel bivalente d’ARNm fournissait une protection supplémentaire contre l’infection symptomatique par XBB/XBB.1.5 pendant au moins les trois premiers mois après la vaccination chez les personnes ayant déjà reçu de 2 à 4 doses de vaccin monovalent. » Si cette étude souligne une efficacité vaccinale chez les 18-49 ans de 52 % contre l’infection symptomatique à BA.5 et de 48 % contre l’infection symptomatique à XBB/XBB.1.5, insistons sur le fait que c’est un vaccin bivalent et donc différent du monovalent administré aujourd”hui qui est ici étudié, et qu’il existe d’autres variants aujourd’hui.
Selon la biologiste Hélène Banoun, qui vient de sortir le livre La Science face au pouvoir, « les études CDC ne sont pas revues par des pairs. De plus, les personnes vaccinées depuis moins de 15 jours sont comptées non vaccinées et on sait que ce sont elles qui contaminent le plus, donc les études sont complètement fausses dès le départ. Troisième raison de ne pas se fier à ces études : les non vaccinés se font tester plus souvent que les vaccinés donc la comparaison n’est pas valable, il faudrait tester autant de vaccinés que de non-vaccinés. »
◆ Une efficacité affirmée mais pas assez documentée ?
Le Dr Davido nous a ensuite affirmé : « Ce qui est sûr, c’est que le vaccin mis à jour pour le variant XBB s’avère également efficace contre l’infection face aux sous-variants Omicron, notamment EG.5 (Eris) et BA.2.86 (Pirola). Mais il faudra malheureusement attendre pour conforter ce chiffre, car il n’existe pour l’instant aucune donnée en vraie vie pour les vaccins monovalents utilisés actuellement contre les derniers variants d’Omicron. Ces données devraient arriver probablement rapidement vu que le vaccin est disponible. » Il a également déclaré que le vaccin fonctionne face au variant JN1.
Pour sourcer ces affirmations, le Dr Benjamin Davido nous a communiqué un article scientifique qui, selon lui, dit que le dernier vaccin monovalent Pfizer est efficace contre l’infection par les derniers variants Omicron comme JN.1. Mais en plus de ne pas tirer ses résultats de données vraie vie, de ne pas indiquer de taux de réduction d’infection précis, ces résultats obtenus auprès de 60 participants seulement, quoique jugés « prometteurs » par le site Ma clinique, « ne sont pas évalués par des pairs et, par conséquent, ne doivent pas être considérés comme concluants, guider la pratique clinique/le comportement lié à la santé, ni être traités comme des informations établies ». Avant cette étude, comme le rapporte l’Alliance GAVI, c’étaient des données préliminaires des CDC obtenues à partir d’études sur des animaux qui suggéraient que « les anticorps provenant de souris ayant reçu une dose de rappel du vaccin XBB.1.5 ou du vaccin BA.4/5 avaient induit une réponse immunitaire significative contre les sous-variants XBB.1.5, EG.5 et BA.2.86 ».
◆ Pour résumer
Pour résumer, le 17 décembre 2023, le Dr Benjamin Davido a affirmé que le vaccin anti-Covid permet de réduire de 45 % en moyenne le taux d’infection par rapport aux non-vaccinés, en s’appuyant sur des données de décembre 2022 et janvier 2023. Ces données proviennent de l’étude de l’efficacité vaccinale d’une version du vaccin Pfizer différente de celle administrée actuellement, analysée sur les variants de l’époque, parmi lesquels ne figuraient pas tous ceux qui circulent aujourd’hui.
Pendant notre échange, le docteur a finalement admis qu’en décembre 2023, aucune donnée officielle ne permet d’évaluer avec précision la réduction actuelle du taux d’infection obtenue avec le vaccin Pfizer utilisé en ce moment, face à tous les variants qui circulent aujourd’hui.
◆ Les immunodéprimés et le variant JN.1
À notre demande, le Dr Davido a souhaité ajouter quelque chose : « Il faut rappeler qu’actuellement avec le nouveau variant JN.1, les anticorps de synthèse réservés aux patients immunodéprimés sont tous caducs, ce qui montre l’importance de se protéger les uns les autres en se vaccinant. Les vaccins pour fonctionner ont besoin que l’individu synthétise des anticorps. Si vous êtes sous immunodépresseurs, vous fabriquez moins d’anticorps. Donc il était proposé jusqu’alors de perfuser des anticorps de synthèse (médicament), mais ceux-ci ne fonctionnent plus face au variant JN.1. Je rappelle que le vaccin, qui lui fonctionne face à JN.1 (et pour rappel, il disait plus haut : “ce vaccin ne pourra pas répondre au variant JN.1, nouveau depuis 15 jours”…), n’est malheureusement pas toujours efficace chez ces patients, d’où l’importance de limiter les cas y compris chez les gens “en bonne santé” et donc la circulation du virus au sein de la population. Si vous avez moins de cas car vaccinés, le virus circule moins, donc R0 plus faible, donc moins de risque pour les plus fragiles. Arithmétique du niveau 6e. N’oublions pas que l’ensemble de ces mesures couplées aux bons gestes du quotidien sont le garant d’un retour à la normale le plus vite possible. » Ce raisonnement serait plus recevable avec des preuves que la dernière version du vaccin protège significativement contre le variant JN.1.
◆ Des effets secondaires peu étudiés
Nous avons interrogé également le Dr Davido sur ce qu’il pensait des effets secondaires du vaccin Pfizer et s’il comprenait qu’on n’ait pas envie de se faire vacciner par crainte de ces effets. « Les effets sont bien décrits et pas plus nombreux à ma connaissance que pour d’autres vaccins vivants (plus à risque), mais je comprends tout à fait que certaines personnes soient réticentes. Ils sont bien décrits chez les femmes avec des règles irrégulières ou encore de rares cas de péricardites chez le sujet jeune, sans aucun décès attribuable rapporté. En revanche, les effets sont les mêmes que ceux rapportés pour le vaccin Covid sans ARN (Sanofi ou Novavax). À méditer. »
◆ Des passerelles à créer pour étudier les données et faits
Il serait sans doute bénéfique que des médecins tels que le Dr Davido se mettent en lien avec des associations de victimes ou de proches de victimes comme Verity France afin qu’ils soient mieux informés et puissent étendre leur champ de connaissances sur la nature et la diversité des effets secondaires, et fassent montre de davantage de prudence. Comme les médias officiels n’en parlent pas, les médecins connaissent-ils par exemple le cas de Michèle Musso qui a perdu sa fille après la vaccination Covid et qui détient un rapport médical établissant un lien entre le vaccin et le décès ?
En tout cas, même si cette probabilité de 45 % de réduction du taux d’infection symptomatique était aujourd’hui bien réelle, il resterait officiellement encore plus d’une chance sur deux d’être contaminé et donc de contaminer quelqu’un lorsqu’on est vacciné. Comme pour la grippe et d’autres types de virus déjà là bien avant la Covid d’ailleurs, on peut donc continuer à préconiser de ne pas tousser dans ses mains, de les laver régulièrement, d’aérer les pièces confinées et de rester chez soi quand on est malade. Et que chacun puisse décider s’il souhaite ou non prendre le risque de dégrader sa santé avec de possibles effets secondaires parfois beaucoup plus graves que des symptômes Covid, sans se soumettre à la recommandation souvent présentée de manière simpliste et binaire de « protéger » les autres.
Un article par Estelle Brattesani
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