Méditer, à quoi bon ?
Pratiquer la méditation relève à la fois du luxe et de l’exploit dans nos sociétés trépidantes. Elle connaît pourtant un déploiement massif en Occident et sort de la sphère privée pour investir les hôpitaux, les prisons, les écoles, les entreprises …
L’idée centrale de la méditation est d’être un témoin neutre de son propre mental. Plutôt que de faire taire l’esprit, le flot de pensées, d’émotions et de sensations qui forment la conscience, il s’agit de lui devenir indifférent, d’accepter, sans juger ni analyser. Car ce flot est davantage le fruit de l’ego, de la personnalité, et la conscience se révèle bien plus vaste quand on parvient à lâcher prise mentalement, jusqu’à des expériences d’éveil – satori dans la tradition zen, samadhi dans la tradition tibétaine, etc. – qui traduisent une communion totale de l’esprit avec l’univers.
Des nuages dans le ciel.
Une autre définition parle d’entrer en contact avec son intériorité, et donc d’explorer sa véritable nature. Un premier paradoxe surgit car il s’agit de mobiliser l’attention sans produire d’effort d’observation ou de concentration. L’attention peut se fixer sur un point d’ancrage qui évite à la pensée de divaguer. Il peut s’agir d’une image mentale, d’un son (mantra), de la flamme d’une bougie, de la respiration, etc. Mais l’observation est neutre et passive, sans jugement ni réflexion, et maintient simplement la conscience en éveil. Dans le même temps, la conscience « prend acte », mais ne s’attache pas aux pensées qui défilent « comme des nuages qui passent dans le ciel », nous disent les maîtres tibétains.
La méditation produit un état modifié de conscience qui peut conduire à des expériences très puissantes, de la décoloration à l’extase mystique. Le mot sanskrit pour méditation est dhyana, qui a donné ch’an en chinois, Son en coréen et zen en japonais. Il désigne un état de conscience sans pensée, sans objet, sans rêve… (…)
Article paru dans le numéro 72 de Nexus (janvier – février 2011).
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